Des Suzuki fabriquées en Inde sont importées depuis les pays du Golfe pour être proposées sur le marché algérien sans aucune garantie ni service après-vente.
Tel est le constat de l’été au vu des offres qui pullulent sur les réseaux sociaux et sites de vente. Ce n’est pas que l’offre se limite aux seules Suzuki (Alto et Swift), mais c’est la marque (et les modèles) qui domine le paysage (pour ne pas parler de marché) des disponibilités actuelles de véhicules neufs.
En l’absence d’importation officielle de véhicules neufs dans un cadre commercial, le marché de l’automobile s’est organisé comme il peut. Un peu selon le bon vouloir des trabendistes et autres lobbies de l’importation à titre individuel ou collectif.
En effet, l’offre de véhicules neufs ne s’est jamais interrompue sur la place publique, malgré l’arrêt des importations de véhicules neufs depuis 2017 et la suspension de l’assemblage en Algérie depuis 2019. Il est vrai qu’il s’agissait, jusqu’à l’année dernière, de volumes bien moindres, sur des modèles inaccessibles pour les bourses moyennes. Des véhicules de luxe, généralement proposés avec une incessibilité (licence moudjahid).
Mais il se trouve que de plus en plus de véhicules japonais envahissent le marché depuis l’année dernière. Des Suzuki, pour être plus précis, et elles sont de plus en plus visibles sur nos routes. Une marque que les Algériens connaissent bien et apprécient. Plutôt qu’ils appréciaient pour leur rapport qualité-prix. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, quoique ce problème (ou phénomène) touche tout ce qui est engin motorisé roulant, neuf ou d’occasion.
L’introduction des Suzuki new look (puisqu’il s’agit de modèles restylés) a été timide, dans un premier temps, avant de se propager à la faveur d’un besoin criant en moyens de locomotion et de mobilité dans un paysage marqué par l’absence de concessionnaires agréés et d’importations entrant dans un cadre commercial. Une situation qui a vu les prix de l’occasion doubler, voire tripler dans certains cas, et la raréfaction de l’offre en véhicules neufs. C’est ce qui arrive, généralement, lorsqu’il y a pénurie.
Des offres qui varient selon la livraison immédiate ou après 45 jours
Le filon a été trouvé, surtout qu’aucune visibilité ne se profile quant au retour des importations de véhicules neufs et l’agrément de concessionnaires. L’importation d’Europe étant non rentable (un Dacia Duster diesel en 2 roues motrices est proposé à près de 6 millions de dinars), sauf pour les particuliers qui importent pour leurs propres besoins. Encore faut-il qu’ils en aient les moyens…
Du coup, les importateurs de véhicules neufs ont proliféré, et de nombreux intervenants activent sur un même profil de véhicules, les Suzuki. Et même que l’ensemble des importations se font depuis les pays du Golfe, Dubai particulièrement, vu les avantages que cela offre par rapport aux véhicules importés d’Europe (ou autres).
C’est ainsi que l’on se retrouve, aujourd’hui avec une Suzuki Swift 1.2 l et 85 ch (boîte automatique à 5 rapports), qui coûtait 1.250.000 DA (125 millions de centimes) il y a 6 ans, est proposée à 2.760.000 DA (276 millions de centimes) et 3.500.000 DA (350 millions de centimes). Deux prix pour un même modèle. La différence entre les deux est que pour la première il faut passer commande et attendre 45 jours (en versant une avance de 900.000 DA), alors que la seconde est livrable immédiatement avec tous ses documents (carte jaune, facture…).
Il faut préciser que ces dernières semaines, les prix ont été revus à la baisse de 300.000 DA (320 millions).
Même topo pour la petite Alto de 3 cylindres (45 ch) en boîte manuelle à 5 rapports : 2.000.000 DA pour une livraison immédiate et 1.850.000 DA pour une commande avec versement d’une avance et livraison au bout de 75 jours.
Sur ouedkniss.com, un importateur s’est même permis de passer une annonce bien visible, assurant disposer d’un service après-vente. A s’interroger sur les qualifications des techniciens qui activent dans ses ateliers, et leur formation sur les modèles cités (Suzuki Swift et Alto). Pour la garantie, il faut repasser.
Et là, on s’interroge sur le rôle de l’Etat qui est censé veiller à la protection du consommateur algérien qui se rabat, en désespoir de cause, sur ces voitures flambant neuves, payées à des prix exorbitants, sans disposer de garantie ni de certitude sur la disponibilité de la pièce de rechange d’origine.
Brahim Aziez Algérie Aujourd’hui