Dans l’entretien accordée au quotidien national El Moudjahid, Omar Rebrab, vice-président de Cevital et responsable du pôle automotive, évoque l’actualité du groupe algérien avec la reprise de l’activité automobile incessamment.
El Moudjahid : Où en sont vos divers projets ?
M. Omar Rebrab : Nous avons été reçus par le nouveau gouvernement qui nous a débloqué bon nombre de projets. Nos doléances ont été prises en considération et les choses sont en bonne voie. Un lien de communication s’est installé et nous avons été sollicités pour relancer nos investissements dans le domaine économique, ce que nous avons toujours fait, puisque nous sommes le groupe numéro deux, après Sonatrach, en termes de création de postes d’emploi et d’exportation. Aujourd’hui, nous pouvons faire beaucoup plus, et nous avons eu des assurances que l’État ne bloquera pas nos projets d’investissement avec cette nouvelle équipe qui veut diversifier l’économie. Nous sommes désormais tournés vers l’avenir.
Quelle stratégie pour revenir sur la scène nationale de l’automobile ?
Nous avons été entendus par la justice et nous avons fourni des preuves que nous avons été lésés dans nos droits après qu’on nous a enlevé la marque Hyundai, dont nous étions le représentant depuis 20 ans. La justice nous a donné raison, et c’est encourageant. Nous n’avons jamais laissé tomber ce métier, puisque nous avons continué à assurer le service après-vente et la commercialisation de la pièce de rechange. Nous réalisons aujourd’hui un chiffre d’affaires de 3 milliards DA dans le domaine de la pièce détachée. Les distributeurs ont également repris contact avec nous. Actuellement, nous remettons à niveau nos ateliers et nous investissons dans ce créneau. Nous reprendrons bientôt la commercialisation des véhicules, puisque les infrastructures nécessaires existent.
Peut-on mettre sur pied une véritable industrie automobile en Algérie sans consulter les professionnels du secteur ?
Pas du tout, le secteur de l’automobile se compose de plusieurs métiers. À commencer par l’industrie, et il n’y a que le constructeur qui peut réaliser des projets pour une véritable industrie, comme c’est le cas en Turquie ou en Afrique du Sud. Au Maroc, par exemple, c’est la maison mère qui s’est installée pour lancer la production. Les grands constructeurs négocient directement avec le gouvernement pour décrocher des facilitations et des avantages afin d’investir lourdement. En retour, le gouvernement exige de la valeur ajoutée à l’investisseur, à savoir répondre à la demande nationale, créer de l’emploi et exporter les véhicules.
Par contre, les nationaux, qui représentent les différentes marques, doivent investir dans le SAV et la sous-traitance, parce qu’une véritable industrie est basée sur un tissu de sous-traitants. La sous-traitance et la fabrication de la pièce de rechange sont la base de toute industrie automobile.
Pour éviter les erreurs du passé, il est indispensable de commencer par l’établissement d’un tissu industriel axé sur la sous-traitance. Le constructeur doit amener avec lui plusieurs équipementiers pour fabriquer les pièces de rechange. Aujourd’hui, on doit au moins commencer par les consommables, notamment les plaquettes de frein, les filtres, les bougies… Ces pièces sont utilisées par toutes les marques automobiles, et il y a même une possibilité d’exporter. Le jour où l’on disposera de cette production, on pourra espérer une industrie automobile. Aujourd’hui, l’Algérie a les moyens de mettre en place une industrie de sous-traitance. Les entreprises compétentes existent, mais elles sont sous-utilisées.
Le groupe Cevital est-il toujours intéressé par l’assemblage automobile?
Cevital a toujours voulu faire de la construction, non du montage. Nous avons eu des contacts avec Toyota et plusieurs autres constructeurs chinois qui sont venus nous voir pour un partenariat sérieux pour la production. Il faut savoir qu’il n’y a aucun intérêt pour l’Algérie dans le processus de montage. En ce moment, nous avons besoin de projets qui créent de la richesse pour notre pays. Ce ne sera possible qu’avec la production et l’exportation. Nous sommes en négociation avec de grands constructeurs chinois pour un projet de production. Nous allons transférer chez nous des équipementiers et de la technologie utilisée par la maison mère, telle la ligne robotisée.
Propos recueillis par : M. M.
Source El Moudjahid