Les contours de la future stratégie industrielle dans le domaine automobile se précisent de plus en plus. Après les annonces généralistes des responsables du secteur, faisant état de «contacts avancés avec des multinationales», le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, apporte une précision de taille, lors de son dernier entretien périodique avec les représentants de la presse nationale, celle d’un partenariat prochain avec l’Italie.
Un pays qui cumule une longue expérience dans la fabrication de voitures et un savoir-faire qui n’est plus à démontrer, tant dans la conception et le design que dans la fabrication à proprement parler. Une brochette de marques de la généraliste Fiat aux spécialistes du premium et du sport, comme Lamborghini, Maserati, Ferrari, Alfa Romeo ou encore Lancia, ont contribué, tout au long du siècle dernier et continuent de le faire aujourd’hui, à développer le secteur automobile et à proposer aux clients du monde entier des modèles de plus en plus performants, sécurisés et confortables. Il en est de même pour les catégories des véhicules utilitaires et camions, ainsi que les deux roues, avec des labels références mondiales, à l’image de Iveco, bien connu et apprécié par les professionnels algériens, et aussi Piaggio et son modèle emblématique, Vespa.
Une opportunité historique ratée
En Algérie, c’est incontestablement la marque Fiat qui dispose d’un CV particulièrement riche et d’un capital confiance important auprès des clients locaux. Et pour cause, en plus de sa commercialisation presque régulière, par l’ex-Sonacome et d’autres représentants successifs, Fiat a failli être le premier constructeur national, à la faveur d’une joint-venture instituée durant les années 80, mais dont le projet de fabrication de voitures prévu à Boucheggouf près de Tiaret n’a hélas jamais vu le jour.
Il faut surtout souligner que le lancement de ce projet dont les Italiens détenaient 30% des actions, visait la production d’un modèle inédit conçu spécialement pour le marché algérien et dont le prix de vente était fixé entre
400 000 et 700 000 DA TTC selon les niveaux de finition. Il s’agissait d’un prototype mis au point par des designers italiens et appelé «Fatia», au style original, adapté aux attentes et aux spécificités du marché local.
S’il est vrai que le contexte sécuritaire au moment de l’achèvement des installations devant accueillir les chaînes de fabrication (1993), était loin d’être favorable, il y a lieu de noter, cependant, que les responsables de l’époque ont laissé échapper une opportunité historique pour permettre à l’Algérie d’intégrer le club très fermé des constructeurs automobiles. Et c’était, en revanche, une occasion en or pour d’autres constructeurs venus de divers pays, d’inonder le marché local avec leurs véhicules à la qualité parfois douteuse.
C’est dire aussi que la firme italienne et les autorités de ce pays qui n’a cessé de manifester son amitié à l’égard de notre nation depuis la guerre de libération, avaient accepté de soutenir l’Algérie et d’y investir de gros montants, à une période où le pays était soumis à un embargo et inscrit sur la liste noire. Et le Président a bien fait de le rappeler dimanche dernier.
L’accord préalable de Stellantis ?
Ainsi, le retour de Fiat dans le secteur industriel de l’automobile en Algérie serait un juste retour des choses pour une marque qui avait de grandes ambitions pour un marché au potentiel commercial incontestable. D’autant que ses deux branches, Fiat voitures et Fiat Professionnel pour les utilitaires, constituent un gage de réussite pour répondre efficacement aux divers besoins de la clientèle. Seulement, aujourd’hui, Fiat fait partie intégrante, depuis janvier 2021, du groupe international Stellantis.
Ce dernier avait, rappelons-le, acté la fusion des deux anciennes entités, PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler Automobiles (FCA), avec comme principal actionnaire, le groupe Exon représentant la partie italienne avec ses nombreuses marques. Il va sans dire que la décision d’un futur investissement de Fiat à l’étranger devra, sans doute, obtenir l’aval du conseil d’administration de Stellantis qui a aussi une autre marque et pas des moindres, ayant postulé pour un projet industriel en Algérie, en l’occurrence Peugeot.
La confirmation par le président de la République, lui-même, de la volonté des Italiens de contribuer au développement d’une industrie automobile en Algérie est un signe fort d’un engagement sérieux attendu prochainement.
B. Bellil Le Soir d’Algérie