vendredi 22 novembre 2024
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Industrie automobile en Algérie: Vérités sur une faillite programmée

Avec cette révolution populaire qui est en phase de restituer au peuple algérien sa dignité et sa vigueur séculaire, la chape de plomb qui a pesé lourdement sur la nation et sur la scène économique en particulier n’a pas résisté à la pression de la rue.

La parole se libère et les cœurs se soulagent. Après avoir été étouffées par les tenants d’un régime despotique et corrompu, des voix résonnent à nouveau pour dénoncer un scandale qui coûte de plus en plus cher à l’Etat, celui de la supposée industrie automobile.

C’est le cas de Abderrahmane Achaïbou, président du groupe Elsecom, qui a été l’invité surprise, lundi dernier, de l’émission «L’invité de la rédaction» de la radio Chaîne III. Une aubaine pour dire toute l’injustice dont a été victime son groupe après avoir été dépossédé de toutes les marques qu’il représentait en Algérie. Il soulignera la volonté de nuire de l’ancien ministre de l’Industrie, Bouchouareb, et sa démarche de déconstruction de l’activité automobile.

Et au-delà de l’intervention du doyen des concessionnaires, c’est la faillite programmée d’un secteur qui est aujourd’hui, et plus que jamais, à l’ordre du jour. Un secteur qui n’a, en tout état de cause, jamais fait l’objet d’une véritable stratégie de développement d’une industrie automobile nationale, contrairement aux discours pompeux des uns et des autres.

En fait de stratégie, nous avons assisté à une OPA, en bonne et due forme, sur le domaine par Bouchouareb et ses mentors, suivie d’une opération de redistribution des cartes automobiles en présence à un quarteron de courtisans du premier cercle, tout en mettant à leur disposition l’argent des Algériens et des structures industrielles du secteur public. Des professionnels du secteur qui ont, 20 années durant, introduit des labels, consolidé leur image avec les standards internationaux, se retrouvent, par le seul fait du prince, dépossédés de leur outil de travail et voués aux gémonies.

Près de 30 concessionnaires mettent les clés sous le paillasson, 100 000 emplois sont supprimés, une multitude d’activités annexes passent à la trappe, des marques de réputation mondiale sont contraintes de mettre en veilleuse leur présence en Algérie, des milliers de propriétaires de véhicules de certaines marques, chinoises notamment, sont livrés à eux- mêmes… C’est dire toute la hargne de ces responsables à vouloir, sans aucun état d’âme, accaparer un secteur qui leur a échappé jusque-là. Cinq ans après le lancement du premier projet industriel, le bilan est loin d’être satisfaisant.

Le taux de 40% exigé au niveau de l’intégration locale reste une chimère. A l’exception de Renault qui fait appel à quelques fournisseurs locaux pour cinq composants, le reste des assembleurs installés, et avec la complicité des autorités compétentes, recourent à de l’importation déguisée de véhicules.

L’ancien ministre Youcef Yousfi avait même affirmé devant les députés que l’avènement d’une industrie automobile nationale ne pourrait se concrétiser avant 10 ou 20 ans. Un aveu qui venait clairement réconforter les assembleurs importateurs dans leur démarche d’enrichissement direct à travers une plus-value insignifiante réalisée sur les sites industriels, sachant que les véhicules arrivent globalement achevés. Facteur aggravant, les prix de vente de ces voitures censées avoir été importées en kit ont été déterminés en intégrant les coûts supplémentaires liés à toute la procédure d’assemblage et aussi les droits de douanes et taxes dont ils devaient en être exonérés.

Cela donne, au final, des tarifs qui passent du simple au double comparativement au même modèle importé directement et des marges bénéficiaire exponentielles pour les concessionnaires. Certains, pour avoir bonne conscience, proposent des remises avoisinant les 300 000 DA. Une grave méprise à l’égard des clients. Pour l’exercice 2018, la facture consacrée aux «kits» d’assemblage a atteint les 3,7 milliards de dollars pour un volume global de 180 000 véhicules, des prix qui flirtent avec le firmament, des délais de livraison qui s’étirent en longueur, des prestations en service après-vente catastrophiques et, surtout, zéro revenu pour les caisses de l’état !

A l’évidence, cette politique de développement d’une industrie automobile nationale n’aura, en définitive, profité qu’aux seuls investisseurs. Il serait temps de la reconsidérer dans son ensemble et de corriger les graves dérives constatées.

B. Bellil Le Soir d’Algérie

Un commentaire

  1. Il faut un développement de l’industrie automobile de base avec des infrastructures et des outils et créer au même temps des sous traitants et pour cela il faut des compétences ce n’est a la porter des ces importateurs de CDK et de CKD c’est une forme déguisée d’import de véhicules.