Après la décision de Volkswagen AG de «suspendre temporairement» sa production en Algérie en raison de la situation dans le pays et surtout de l’implication supposée de son partenaire, Sovac, dans des affaires de corruption, c’est au tour de Hyundai Motors Company (HMC) de se préparer à une probable rupture avec son représentant actuel, le groupe Tahkout.
Comme on l’annonçait déjà la semaine écoulée, des contacts auraient été établis entre le groupe coréen et son partenaire historique, en l’occurrence Hyundai Motors Algérie (HMA), filiale du groupe Cevital, en vue d’une éventuelle reprise des activités entre les deux entités, interrompues en 2016 suite à la décision de l’ancien ministre de l’Industrie, Bouchouareb, d’imposer une nouvelle configuration du secteur automobile en Algérie avec l’introduction de nouveaux opérateurs. Ces contacts, selon une source digne de foi, ont été entamés, il y a plusieurs semaines, autrement dit, bien avant le déroulement du procès de l’activité de montage automobile au tribunal de Sidi- M’hamed et où le groupe Cevital s’était constitué partie civile pour dénoncer sa dépossession illégale de la marque avec ses trois segments, véhicules particuliers, utilitaires et engins de travaux publics.
«Nous n’avons aucun problème avec vous…»
Omar Rebrab, vice-président du groupe et ancien patron de Hyundai Motor Algérie (HMA), avait, à cette occasion, confirmé cette reprise des relations en précisant que les Coréens lui ont clairement signifié que «nous n’avons aucun problème avec vous, essayez de le régler avec votre gouvernement».
Et même s’il est établi que la décision de Hyundai Corée serait largement justifiée par les lourdes accusations de malversations et de corruption qui pèsent sur le groupe Tahkout dont le procès serait attendu au cours des prochains jours, il n’en demeure pas vrai que la relation entre les deux partenaires ne serait pas au beau fixe depuis plusieurs mois déjà. Notre source insiste sur le souci du constructeur coréen de vouloir préserver ses intérêts en Algérie et surtout la qualité de son image auprès de ses clients locaux.
Il craindrait que celle-ci ne soit entachée du fait de ces graves accusations qui concernent aussi bien les personnes physiques avec l’incarcération du patron du groupe, de son fils et de ses frères, que les personnes morales à travers leurs entreprises.
D’autant que des sources médiatiques ont révélé récemment que la non-programmation des groupes Tahkout et Sovac dans le dernier procès de l’automobile serait due à la gravité des faits qui leur seraient reprochés et dont l’activité montage n’en serait qu’une infime partie.
Réhabilitation par la justice
De son côté, Cevital, dont les blocages administratifs pour ses nombreux projets d’investissement sont levés progressivement, dispose d’infrastructures industrielles dans la zone de Larbaâ, près d’Alger, ayant déjà abrité les chaînes d’assemblage de remorques et de semi-remorques et qui pourraient ainsi accueillir de futures installations pour l’activité automobile, assemblage ou fabrication de pièces de rechange. Rappelons également que Cevital a réalisé sur ce même site une usine pour la production de plusieurs types de verre dont celui de l’automobile.
Cependant, le retour de Hyundai dans le giron de Cevital ne pourrait avoir lieu sans le précieux agrément que le ministère de l’Industrie doit attribuer à tout opérateur remplissant les conditions édictées dans le cahier des charges portant sur les investissements dans l’assemblage automobile.
Ce même quitus devrait être, par ailleurs, renouvelé à ceux activant déjà et dont l’autorisation est arrivée à expiration au cours du mois de novembre écoulé.
La récente réhabilitation par la justice de Cevital et la condamnation des anciens responsables à lui verser une importante indemnité pour le préjudice causé pourraient constituer un facteur déterminant dans ce prévisible changement de partenaire pour la marque Hyundai en Algérie.
B. Bellil
Source Le Soir d’Algérie