Ahmed Ouyahia, l’ancien Premier ministre, dans ses réponses au juge du tribunal de Sidi M’hamed dans les affaires du montage automobile.
Ouyahia est interrogé au sujet des autorisations accordées aux entreprises de production des véhicules. Il répond : «Ces cinq marques produisaient 500 000 automobiles.»
Le juge énumère une série d’irrégularités constatées dans le traitement des dossiers d’octroi des marchés, et les raisons pour lesquelles il a été décidé de prolonger des décrets fixés préalablement dans le temps.
Ouyahia : «Le prolongement des décrets est légal, toutes les étapes ont été respectées, nous appliquions un programme d’investissement.»
Une longue explication technique des références aux textes de loi, des rappels de la conjoncture dans laquelle ont été prises ces décisions s’en sont suivis.
Le juge paraît s’impatienter et lui demande de répondre directement aux questions.
Ouyahia : «Soyez patient pour que je puisse répondre dans les détails. Nous n’avons jamais agi par favoritisme, vous me demandez pourquoi Mazouz et pas un autre, je vous répond : nous avons traité avec des entreprises, pas des hommes, vous me posez la question au sujet de Baïri, il n’a pas reçu de faveurs mais des projets de réalisation.»
Il fait aussi remarquer par deux fois que le gouvernement actuel agit de la même manière qu’il l’a fait durant ses différents mandats, «au mois d’octobre dernier, dit-il, le gouvernement a prolongé un décret pour permettre de débloquer des containeurs, c’est un agissement normal (…) nous pouvons aussi accorder des avantages exceptionnels aux investisseurs. C’est contenu dans la loi sur les investissements.»
Les privilèges accordés par Ouyahia aux hommes d’affaires dans l’automobile ont causé un déficit de 11 milliards de DA au Trésor public
Ouyahia passe de longs moments à tenter de justifier le choix des entrepreneurs, justifie des décisions. «Les opérateurs avec lesquels nous avons travaillé étaient Renault, Peugeot, Tahkout et Sovac. Un agrément a été également accordé à Kia. Il se trouve que tous ces opérateurs existaient avant que je prenne mes fonctions.»
Selon le juge, les privilèges accordés par l’ancien Premier ministre aux investisseurs ont induit un déficit de 11 milliards de DA au Trésor public.
«Achaïbou a déposé un dossier, mais vous avez accordé la décision technique du montage de véhicules Hyundai à une autre personne.»
Ouyahia se défend : «Je n’étais pas encore au gouvernement à cette époque.»
A aucun moment il n’accuse Bouteflika, assume ses choix et ses décisions. Des décisions concertées, dit-il, prises avec «le Conseil national des investissements composé de 11 ministres et du représentant du président de la République.»
Le juge indique, ensuite, à Ouyahia qu’il a enfreint la loi en suggérant au ministère de l’Industrie de ne pas retenir un opérateur étranger turc. «Je n’ai fait que donner mon avis», dit-il. Son audition prend fin.
A. C. Le Soir d’Algérie