En cette année 2023 finissante, les perspectives de relance de l’activité automobile en Algérie se précisent de plus en plus.
Les marques internationales reviennent progressivement après une fermeture du marché qui a duré plusieurs années, avec la promesse d’une offre plus large et plus diversifiée pour 2024.
Pour l’heure, les labels chinois dominent les débats. Chery, Geely et DFSK entament déjà leurs activités commerciales avec des produits d’attaque particulièrement compétitifs. Des citadines affichant des tarifs en dessous de la barre des 2 millions de dinars.
Et compte tenu de la nature du marché automobile local qui reste d’abord et surtout déterminé par le prix, il était donc prévisible de voir les clients affluer en masse vers les points de vente de ces concessionnaires et créer parfois des situations de confusion, exacerbée par le manque de préparation de ces opérateurs et des quantités limitées des véhicules ciblés par les clients.
Au-delà de deux segments, les citadines et les berlines moyennes, dont les prix n’excèdent pas les
2 600 000 DA, les clients sont généralement peu enclins à opter pour un véhicule chinois, encore inconnu, et qui s’affiche au même tarif, sinon plus que des produits européens, largement éprouvés. C’est le cas notamment pour les SUV et les berlines de gamme supérieure proposés entre 3 800 000 et 5 400 000 DA selon le niveau de finition.
Les raisons d’une méfiance
Certes, c’est une appréhension légitime, mais qui ne tient pas compte, néanmoins, de l’importance des avancées technologiques réalisées au cours de ces dernières années par l’industrie automobile chinoise. D’autant que le marché algérien a été, des décennies durant, fortement inspiré et influencé par les tendances de l’Europe toute proche, et surtout la France, avec des habitudes de consommation spécifiques, comme la généralisation du diesel, au détriment de l’essence et du GPL, de la boîte de vitesse manuelle, du break et de la sublimation du pick-up, des carrosseries sedan à trois volumes, etc.
Ce n’est qu’avec l’arrivée des marques coréennes et japonaises, au début des années 2000, que le client algérien découvre et apprécie rapidement des gammes de véhicules différentes et qui se révèlent en plus résistantes, fiables et adaptées à ses attentes et à de multiples applications professionnelles.
Au même moment, des tentatives d’introduction des marques chinoises en Algérie n’ont pas connu un aussi grand succès auprès du large public. S’il est vrai que des dizaines de véhicules de ces marques continuent à rouler encore sur nos routes, il y a lieu de souligner, toutefois, qu’il s’agissait, en cette période, des premiers balbutiements de la fabrication automobile dans l’empire du Milieu et que la fiabilité n’était pas souvent au rendez-vous.
Une production nationale encore modeste et destinée principalement à l’exportation, vers quelques marchés internationaux où les réglementations n’étaient pas aussi sévères qu’en Occident. De même que les clients algériens se sont retrouvés, pour certains, et après que le concessionnaire eut baissé le rideau pour changement de marque ou d’activité, livrés à eux-mêmes, sans un suivi au niveau du service après-vente et de la disponibilité de la pièce de rechange.
Évolution et montée en gamme
Aujourd’hui, le véhicule chinois, d’une manière générale, a beaucoup évolué en qualité et montée en gamme. Il est en train de rivaliser, voire même de menacer la production européenne dans son propre fief. Les griefs de plagiat et de défaillances techniques ou sur le plan de la sécurité, qui ont bloqué, pendant des années, l’arrivée de ces véhicules sur certains marchés mondiaux, ne sont plus qu’un lointain souvenir.
Des véhicules ont décroché, tout récemment, le titre tant convoité des 5 étoiles au crash-test de l’organisme indépendant EuroNCAP et un autre figure dans la liste des finalistes au prestigieux titre européen de «Voiture de l’année 2024». Autant dire qu’au plan de la qualité, et en attendant de voir circuler sur nos routes cette nouvelle génération de voitures chinoises et affronter des conditions d’utilisation extrêmes, le client algérien ne risque pas d’être déçu. Les comptes rendus médiatiques sur des voitures commercialisées en Europe, aux États-Unis ou encore au Moyen-Orient sont globalement positifs et ne tarissent pas d’éloges sur certains modèles plus que d’autres. À cela on peut ajouter et souligner l’offre importante d’une garantie de 7 années ou 200 000 km proposée en Algérie.
L’incertitude est ailleurs
En revanche, l’incertitude subsiste encore sur l’aptitude des représentants de ces marques en Algérie à assumer pleinement et professionnellement leurs engagements dans le domaine de l’accueil des clients, le service après-vente, la disponibilité de la pièce de rechange et surtout la qualité des prestations offertes aux clients dans toutes les régions du pays. C’est cela le véritable challenge de ces concessionnaires, à savoir se hisser à la hauteur de la qualité des produits qu’ils commercialisent et de l’image des marques qu’ils représentent.
Les premiers couacs enregistrés dans l’entame de leurs activités, liés notamment au volet organisationnel, de commercialisation et de communication, laissent apparaître une approximation dans la gestion et un manquement aux règles d’un métier à part entière. Il reste à espérer que ce ne sont là que les trébuchements d’un début sous forte pression.
B. Bellil Le Soir d’Algérie