L’actualité automobile nationale est largement occupée ces derniers temps par les activités de Fiat en Algérie. Son usine de Tafraoui est en passe de devenir la référence et la pionnière d’une industrie automobile nationale naissante.
A l’occasion de la 32e Foire de la production nationale, le président directeur général de Fiat El Djazaïr, Raoui Beji, nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur les engagements de Stellantis et sa volonté de contribuer à l’émergence de cette filière mécanique, les performances actuelles et les perspectives d’évolution de l’usine, la qualité des produits proposés aux Algériens et des prestations du service après-vente…
Participer à la foire nationale alors que les disponibilités de véhicules sont peu nombreuses face à une demande particulièrement forte ne contribuerait-t-il pas à accentuer la frustration des uns et des autres ?
Fiat est aujourd’hui un acteur de la production nationale et sa présence à cette foire est tout à fait justifiée. Notre usine de Tafraoui qui a fêté sa première année en ce mois de décembre 2024 avec beaucoup de réussite accueille en son sein plus de 1 600 collaborateurs, tous formés, qui travaillent, depuis novembre dernier, en quatre équipes, soit tout au long de la semaine et qui nous permettent d’atteindre des capacités de production de l’ordre de 7 000 véhicules par mois.
Nous avons réalisé également un taux d’intégration locale de plus de 10% et sommes honorés d’avoir sur notre stand nos 5 partenaires qui ont tenu à nous accompagner dans cette aventure de la production nationale et pour atteindre ce taux.
Donc, avec ces réussites et la feuille de route que nous avons, avec les engagements de créer un écosystème automobile, notre place est naturellement dans la Foire de la production nationale afin de réaffirmer notre engagement à contribuer au développement d’une industrie automobile nationale.
L’évènement majeur de votre présence est, sans doute, la présentation du nouveau Doblo vitré…
Absolument, nous produisons actuellement la Fiat 500, le Doblo tôlé et avons présenté, en avant-première, au président de la République qui nous a honoré de sa visite, le Doblo vitré.
Le démarrage de sa production est prévu à partir de janvier 2025 et nous sommes, actuellement, en train de finaliser les dernières phases de mise au point, sachant que notre engagement, c’est de proposer au citoyen algérien des produits qui respectent les normes et les standards internationaux, notamment en termes de qualité et de sécurité. Et dès qu’on aura achevé l’ensemble des tests, la montée en cadence au niveau de l’usine devra débuter à partir de janvier prochain.
Avez-vous fixé les prix de ce Doblo vitré ?
Non pas encore, ils seront dévoilés lors du lancement de la commercialisation qui interviendra quelques semaines après l’entrée en production.
Côté motorisation, il sera équipé d’un bloc essence de 115 ch.
Nous constatons que les capacités de production de l’usine annoncées pour l’année 2024 sont passées de 40 000 initialement à 24 000, puis 18 000 unités. Qu’en est-il réellement ?
Je confirme que pour l’année 2024 et à quelques jours de son achèvement, nous aurons atteint le volume de 18 000 véhicules. Notre objectif pour 2025, ce sont 60 000 unités et nous visons la production de 90 000 véhicules en 2026.
Pour notre part, nous estimons que le volume de 18 000 pour une usine qui a fêté sa première année en décembre est un très bon résultat. J’ajouterais aussi que tous les moyens matériels, tous les investissements, l’arrivée de la 4e équipe au mois de novembre, la formation dont le volume a dépassé les 170 000 heures ainsi que le soutien constant des autorités algériennes nous permettent aujourd’hui d’assurer la montée en cadence de l’usine de manière progressive et de relever collectivement tous les défis.
Est-ce à dire que les ateliers en cours de réalisation pour la peinture et le ferrage seront fonctionnels au moment du lancement de la production du Doblo vitré en janvier 2025 ?
Concernant la phase CKD, le taux de réalisation des travaux est actuellement de l’ordre de 40% et le démarrage du ferrage et de la peinture dans l’usine de Tafraoui est prévu pour la fin 2025. Comme déjà annoncé, et tout au long de l’année prochaine, l’usine assurera la production des trois modèles Fiat 500, Doblo tôlé et Doblo vitré et vers la fin de l’année 2025, nous prévoyons l’introduction d’un 4e modèle qui sera en intégration locale de 20% dès le lancement de sa production.
C’est donc avec ce modèle que sera lancée la phase CKD de l’usine.
Il y a quelques semaines, Stellantis El Djazaïr avait initié, en partenariat avec l’université d’Oran, la première formation en master alternance en Algérie. Quelles seraient les premières retombées ?
En effet, cette initiative fait partie des réussites de l’année 2024. Nous avons créé avec l’université d’Oran (USTO) le premier master en alternance en Algérie qui s’étalera sur deux ans, un mois à l’école et un mois à l’usine. Les retombées sont très positives et les étudiants très satisfaits, dès lors qu’ils ont l’opportunité de mettre en œuvre les compétences pratiques directement au sein de l’usine. D’autant que nos équipes ont, pour leur part, contribué à l’élaboration du programme académique.
Donc, c’est un très bon partenariat sur lequel nous misons beaucoup pour la formation dans le domaine du management des unités de production. L’objectif étant de former des managers pour les unités de production pour l’industrie d’une manière générale et pour Fiat en particulier.
C’est cela aussi notre engagement de créer un écosystème avec l’usine, les sous-traitants, la formation de nos opérateurs, nos moniteurs, et la préparation de la génération du futur qui aura en charge le management des opérations industrielles en Algérie.
En votre qualité de premier et pour l’heure d’unique producteur de véhicules sur le marché algérien, ne devez-vous pas ressentir une forme de pression sur vous, sachant le grand déficit entre l’offre actuelle et la très forte demande ?
En fait, je dirais qu’il s’agit plutôt d’une pression positive. Notre objectif, c’est de tout entreprendre pour satisfaire nos clients et développer l’écosystème automobile en Algérie. Je vous soulignais précédemment, tous les investissements réalisés, tant humains que matériels, afin de maximiser et augmenter la cadence dans l’usine en vue de satisfaire nos clients. Notre volonté c’est d’instaurer au sein du marché les meilleurs standards de qualité de service.
C’est vous dire que notre position actuelle nous impose d’être à la hauteur des attentes du citoyen algérien qui mérite le meilleur, en qualité de produit et de prise en charge de ses doléances dans le volet après-vente. Et à ce titre, je rappelle que nous avons mis en place une base centralisée où les clients peuvent s’enregistrer soit au niveau du réseau, soit sur la plateforme nationale et le traitement des commandes se fait d’une manière équitable, transparente et par ordre chronologique.
Ce sont toutes ces actions qui font partie de notre stratégie de qualité de service pour que le client se sente considéré, sa demande prise en compte d’une manière transparente et au moment de la sortie de son véhicule de l’usine de Tafraoui, il est contacté pour l’achèvement de la procédure d’achat et la livraison.
C’est cela notre philosophie dans le projet Fiat en Algérie.
Est-ce que les commandes pour les véhicules produits dans l’usine de Tafraoui sont toujours suspendues ?
La réponse est non. Il n’y a pas eu de suspension, les enregistrements sont toujours possibles sur notre site web et au niveau de nos agents agréés et le tout est consolidé sur une base centrale gérée par nos équipes et qui permet de traiter les commandes par ordre chronologique.
Est-ce que le réseau Fiat Algérie n’est pas impacté par l’arrêt des importations de véhicules et l’absence de disponibilité ?
Notre stratégie réseau repose sur deux piliers. Le premier, c’est l’après-vente pour lequel nous visons la meilleure expérience client pour le citoyen algérien, de l’achat de la voiture jusqu’à sa prise en charge au niveau du service après-vente. Et vous conviendrez avec moi que ce volet, c’est déjà une activité très importante.
Le second pilier, c’est la production nationale avec un volume global pour l’année en cours de 18 000 véhicules.
J’ajouterais que nous avons un partenariat constructif avec nos partenaires membres du réseau, afin d’assurer la pérennisation de leurs activités à travers l’après-vente et la production nationale.
Le lancement de la phase CKD, avec l’intégration de pièces et de composants produits par les sous-traitants locaux, pourra-t-elle contribuer à faire baisser les prix des véhicules fabriqués en Algérie ?
Aujourd’hui, la priorité du CKD c’est de constituer un écosystème, c’est la mise en place des activités de ferrage et de peinture en Algérie et la formation des personnels et leur préparation à prendre en charge ces opérations. Le CKD, c’est aussi un créateur d’emplois et fait partie de notre engagement à assurer le transfert du savoir-faire en Algérie et plus globalement, c’est d’assurer la production de véhicules de bonne qualité et compétitifs pour le citoyen algérien.
Entretien réalisé par Belkacem Bellil Le Soir d’Algérie