vendredi 22 novembre 2024
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Sellal au juge: « Je n’avais aucune autorité sur Bouchouareb »

Durant son audition au tribunal de Sidi M’hamed, Abdelmalek Sellal a répondu à toutes les questions qui lui étaient posées d’une voix inaudible.

Contrairement à Ouyahia, son audition a duré moins de temps. Elle a porté sur les avantages accordés aux hommes d’affaires dans l’automobile mais également le financement occulte de la campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika.
Sellal arrive également prêt à se défendre, mais sa voix manque d’assurance. On le dit fatigué, affaibli par de longs mois d’incarcération. Quelquefois, elle devient inaudible.

Le juge : «Vous avez accordé des avantages aux hommes d’affaires dans l’automobile, vous avez accordé des exonérations de 24 milliards de DA, pourquoi ?»

Sellal répond : «Je n’ai rien fait, rien signé, rien accordé du tout.»
Le juge insiste, cite des noms, pratiquement ceux de tous les hommes d’affaires incarcérés dans cette affaire, mais l’ex-Premier ministre maintient également : «Je n’ai rien fait du tout.»
La salle est plongée dans un silence total. Les questions qui lui sont adressées tournent un long moment sur le sujet mais restent sans réponses réelles.

Il tente une explication : «Il y avait une certaine anarchie au niveau du ministère de l’Industrie…»

Le juge rebondit : «Qui était responsable de cette situation ?

Le ministre en fuite (Abdesslam Bouchouareb) ?» Sellal garde le silence. Le juge pose à nouveau la question.
Le prévenu lance : «Oui, c’est cela.» «Pourquoi n’avez-vous pas signalé ce comportement ? Je n’avais aucune autorité sur Bouchouareb, et je savais que même si je signalais ces agissements on ne lui ferait rien.»

Le muezzin lance l’appel à la prière à ce moment-là. «Dieu est grand, vous voyez que ce que je dis est la vérité», s’exclame l’ancien Premier ministre.

Sellal est, ensuite, interrogé sur un autre sujet, le financement occulte de la campagne électorale de Bouteflika.

La question qui lui est adressée est la suivante : «Vous avez procédé à l’ouverture de deux comptes bancaires en votre nom, pourquoi, et d’où provenait cet argent ?»

Réponse : «Toute la responsabilité de cet aspect incombait aux candidats, on m’a demandé d’ouvrir des comptes et je l’ai fait.»

Question : «Qui a nommé le directeur financier et qui ordonnait tout cela ?» Réponse : «Le président de la République à travers son frère.»

Nouvelles interrogations : «Pourquoi l’argent a été transféré vers un autre compte ? Ou a-t-il été transféré ? Qui finançait ? Avez-vous des noms ?»

Sellal : «J’ai été désigné pour assurer la campagne électorale, puis on m’a écarté. J’ai quitté quelques jours après. J’ai signé des papiers d’ouverture des comptes sans savoir ce que je signais.  Ensuite, j’ai fermé les comptes après avoir été écarté de la campagne.»

Nouvelle audition sur un autre volet : «Vous aviez de nombreux biens immobiliers, à Constantine aussi, vous aviez des voitures, d’où provenait tout cela ?»
L’ancien Premier ministre a du mal à s’exprimer. Au bout d’un moment, une phrase sort : «Je ne sais pas quoi dire (…) j’avais une maison, je l’ai vendue et je ne l’ai pas déclaré, c’est un oubli, c’est comme ça, ça arrive, quant à la voiture, croyez-moi, je n’aurais pas su quoi en faire car je ne conduis pas, je n’ai jamais conduit.»
A. C. Le soir d’Algérie