Après une parenthèse de quelques mois où le marché automobile en Algérie a repris des couleurs à la faveur de la reprise des importations de voitures neuves par les concessionnaires officiellement installés, le secteur replonge de nouveau dans l’expectative et l’incertitude.
Si l’arrivée d’autres lots de ce moyen de locomotion tant recherché par les clients semble reportée aux calendes grecques, la crainte des automobilistes ayant déjà acquis ce précieux produit concerne désormais le service après-vente et surtout la disponibilité de la pièce de rechange et autres liquides nécessaires aux opérations de révision et d’entretien des véhicules.
En plus d’une pénurie qui dure depuis plusieurs mois des huiles de moteur, on constate un manque de plus en plus généralisé de nombreuses autres pièces d’usure. Il est donc difficile pour les automobilistes de respecter la périodicité des révisions et d’entretien de leur véhicule. Même si les causes directes de cette crise seraient imputables aux nouvelles dispositions prises par le gouvernement pour réorganiser l’ensemble des opérations d’importation, le désengagement de certains concessionnaires reste, toutefois, injustifié, dès lors que le client se trouve contraint de recourir aux réseaux de connaissances pour une simple intervention de révision pourtant bien prévue par le contrat de garantie.
La garantie remise en cause
Un relâchement dans le respect des engagements au niveau de la prise en charge des clients dans le domaine du service après-vente (SAV) qui pourrait, certes, s’expliquer par la conjoncture particulière que traverse le secteur automobile en Algérie mais qui ne saurait, néanmoins, justifier une pénurie de pièces d’usure et de produits indispensables pour l’entretien routinier des véhicules. Et c’est d’autant plus incompréhensible s’agissant des dizaines de milliers de cas encore couverts par la période de garantie constructeur.
Une défaillance qui porte préjudice, non seulement à l’état du véhicule et de sa pérennité, mais qui remet en cause, surtout, le principe de prise en charge par le constructeur en cas de problèmes techniques inhérents à la fabrication de la voiture. Autrement dit, le client sera tout simplement débouté, pour cause de non application des clauses incluses dans le document de garantie et portant sur le respect des périodes de révision et l’utilisation exclusive des pièces de rechange et des composants recommandés par le constructeur.
Des pratiques d’un autre temps
Au niveau des ateliers de service après-vente, la pénurie concerne plusieurs pièces de première importance, à l’image des filtres à l’huile, à air, de l’habitacle, des plaquettes de freins, et plus inquiétant encore, les huiles, pour moteur et boîte de vitesse. Autant dire les éléments de base pour assurer le bon fonctionnement d’une voiture et sa longévité. Et, fait inexplicable, et en totale contradiction avec les obligations contractuelles et la charte de l’éthique, il est parfois demandé aux clients d’acheter eux-mêmes les pièces auprès de revendeurs particuliers chez qui ils sont en plus, orientés. Des commerces installés en force dans plusieurs quartiers de la capitale, notamment à Bab Ezzouar, El Hamiz, Jolie-Vue, Oued Smar et Chéraga.
Toutefois, ces revendeurs proposent parfois la pièce d’origine recherchée, mais également beaucoup de contrefaçons affichées à des prix attractifs pour des clients peu soucieux de la qualité.
Ces pièces sont par la suite installées par les techniciens du concessionnaire concerné avec, en prime, l’apposition du cachet faisant foi sur le manuel d’entretien.
Il est juste précisé au client que cette pièce, qui n’est pas agréée par le constructeur, ne peut avoir, à l’évidence, la même durée d’utilisation que l’originale.
Une pratique illégale qui nuit gravement à l’image de ce métier, dont la professionnalisation et la conformité avec les standards internationaux avaient pourtant atteint, faut-il le rappeler, il y a quelques années, des niveaux appréciables, avant de replonger, à nouveau, dans le chaos et le désordre.
A quand un retour aux standards ?
Ceci étant, cet immobilisme et ce manque de visibilité dans un secteur aux investissements assez lourds, ne semble guère offrir un climat d’engagement conséquent de la part des plus importants constructeurs automobiles mondiaux et de leurs représentants en Algérie. Après avoir mobilisé de grands moyens financiers et matériels pour se conformer aux obligations du cahier des charges relatif à l’activité des concessionnaires, ces derniers se retrouvent depuis plusieurs mois, avec une activité réduite au seul SAV aggravé par des pénuries chroniques de pièces de rechange. Beaucoup d’entre-eux ont été obligés de procéder à des compressions d’effectif et à la fermeture de certaines représentations à l’intérieur du pays, alors que certains se préparent sérieusement, si la situation perdure, à mettre la clé sous le paillasson. En tout état de cause, le plus grand perdant reste, à l’évidence, le client algérien qui semble avoir perdu depuis longtemps les repères d’un marché automobile normalisé et structuré, selon les normes et les standards internationaux.
B. Bellil Le Soir d’Algérie