Mustapha Abdelkrim, directeur du développement industriel et des technologies au ministère de l’Industrie et des Mines, a contesté le chiffre du Premier ministre, en affirmant que la production de véhicules atteindra un volume global de 500 000 unités à l’horizon 2021.
Le montage automobile continue de susciter des contradictions au sommet de l’État à un point tel que des responsables se contredisent publiquement sur l’échéance arrêtée par le gouvernement pour arriver à la production proprement dite des véhicules.
Lors de son passage à la télévision nationale jeudi, M. Mustapha Abdelkrim a indiqué que l’Algérie devrait atteindre un volume de 500 000 véhicules à l’horizon 2021, alors que le Premier ministre avait avancé le chiffre de 250 000 unités aux mêmes échéances.
Affirmant que “les opérateurs ont bénéficié de toutes les mesures d’accompagnement pour investir dans l’industrie automobile, la fabrication de la pièce de rechange et la sous-traitance automobile”, M. Abdelkrim a indiqué que l’Algérie s’est hissée, aujourd’hui, au rang des pays producteurs de véhicules avec 100 000 unités sorties des chaînes de montage l’année dernière.
“La première voiture a vu le jour il y a trois ans. Notre objectif n’est pas de faire du montage, mais d’arriver très vite au processus de fabrication grâce à un taux d’intégration élevé et qui permettra aux constructeurs d’exporter une partie des volumes produits.”
Réitérant l’engagement du gouvernement quant à la mise en place d’un cahier des charges relatif au montage automobile et à la production de pièces de rechange locale, ce responsable a révélé que des contrats ont déjà été signés avec des partenaires étrangers, notamment des pays d’Afrique, pour exporter de la pièce de rechange.
“À terme, nous exporterons même en Europe la pièce de rechange. Pour le moment, plusieurs pays d’Afrique ont montré leur engouement pour importer depuis l’Algérie les véhicules et la pièce de rechange produits par nos constructeurs.”
En substance, M. Abdelkrim contredit les propos du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, lors de sa dernière conférence de presse organisée au Centre international des conférences (CIC), avait affirmé que “le volume de véhicules de tourisme montés en Algérie est timide”, que les usines opérationnelles actuellement dans le pays ne sont que des ateliers de montage et que l’industrie automobile verra le jour progressivement. Aussi, M. Abdelkrim, en annonçant un chiffre de 500 000 unités produites d’ici à 3 ans, a également contesté le volume annoncé par M. Ouyahia.
Celui-ci avait affirmé que “ces semblants d’usine, appelez-les comme vous le voulez, devront produire, d’ici à trois ans, quelque 250 000 unités/an pour répondre au besoin du marché local. C’est là que la concurrence reprendra et les concessionnaires se disputeront le marché avec une stabilisation des prix des véhicules”.
M. Ouyahia avait même commenté la compression des importations et les raisons qui avaient poussé l’État à fermer les vannes en citant l’exemple du volume des importations de véhicules qui avait frôlé les 650 000 unités en 2012-2013. En revanche, M. Abdelkrim n’a pas évoqué la liste des prix sortie d’usine que son département avait récemment publiée, alors qu’elle continue à susciter indignation et colère sur les réseaux sociaux.
Laissant les professionnels du secteur et l’opinion publique sur leur faim, ce responsable n’a pas, non plus, abordé le cahier des charges relatif à la fabrication de la pièce de rechange que le ministère de tutelle s’attelle à peaufiner pour inciter les opérateurs à investir dans les écosystèmes automobiles. En revanche, il est utile de relever que l’Algérie avait importé en 2017 près de 2,2 milliards de dollars de kits DKD et SKD pour un volume global de production de 100 000 unités sans pour autant répondre à la forte demande sur le marché local.
Farid Belgacem Quotdien Liberté