Les Japonais veulent toujours leur usine Suzuki en Algérie. Et pour cause, une délégation de la marque nippone a été reçue tout récemment au niveau du ministère de l’Industrie pour confirmer cette intention et s’informer également sur les nouvelles dispositions du cahier des charges lié à l’investissement dans le domaine automobile.
C’est sûrement le constructeur asiatique annoncé par le ministre de l’Industrie puisque selon le quotidien Le Soir d’Algérie la marque japonaise compte se redéployer en Algérie à travers un investissement nettement plus important et sur ses fonds propres, sans aucune association avec un partenaire local, comme c’est déjà permis par la nouvelle réglementation.
Certes, ce projet est encore au stade de l’intention, en attendant la publication de ce cahier des charges, mais selon des sources bien informées, Suzuki souhaiterait « vivement réaliser la première usine de fabrication automobile en Algérie, dans le cadre de la nouvelle stratégie du gouvernement ».
Des réserves pour un investissement de taille
Toutefois, ils émettraient des réserves sur le point sensible de la fabrication en local de la carrosserie exigée par le nouveau texte en préparation. Une condition qui serait contraignante pour eux dans la première phase de l’investissement. Le taux de 30% pourrait, selon notre source, être atteint dès le début de production avec l’intégration d’autres étapes de la fabrication et évoluer ensuite, progressivement, vers l’emboutissage.
Des propositions auraient été émises dans ce sens, au ministère de l’Industrie. Au-delà de cette condition, on relève surtout cette volonté de la marque japonaise de marquer sa présence dans le nouveau paysage industriel en Algérie.
De son côté, le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, a déclaré, à maintes reprises, que « deux constructeurs, l’un européen et l’autre asiatique, sont prêts à se lancer dans l’industrialisation avec un taux de 30% dès l’entrée en production ».
Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que Suzuki a tenté une incursion dans l’activité d’assemblage SKD, version Bouchouareb, en partenariat avec le groupe Tahkout, avec une usine domiciliée à Saïda. Un projet qui avait suscité beaucoup d’interrogations.
Sa réalisation en un temps record, la présentation de prototypes et même son inauguration par l’ancien ministre de l’Intérieur avaient créé une véritable surprise, dès lors qu’il n’avait pas bénéficié d’agrément. Une démarche qui visait, en réalité, à mettre les autorités concernées devant le fait accompli.
Un projet de dimension régionale
Pour le malheur de l’homme d’affaires, actuellement en prison, et aussi pour son infortuné associé, ce projet n’aboutira jamais, malgré toutes les annonces, les promesses, et surtout le tapis rouge qui était en ces temps-là déroulé à Tahkout.
Au lendemain des bouleversements provoqués par le Hirak, et la suspension de toutes les importations de kits SKD, une forte délégation du constructeur, accompagnée de représentants du ministère japonais des Affaires étrangères et de l’ambassadeur du Japon en Algérie, a été longuement reçue par l’ancienne ministre de l’Industrie, Djamila Tamazirt.
L’objet de cette consultation était de débloquer la situation de cet investissement. Le porte-parole de la délégation japonaise avait souligné que le « projet Suzuki retient l’attention de la communauté des entrepreneurs japonais. De même qu’il avait « réitéré l’intérêt pour le projet dont l’étendue est régionale, avec un impact important en matière de création d’emplois, de transfert de technologies, de promotion de la sous-traitance industrielle et d’exportation ».
Une vision refondée
Aujourd’hui, la marque revient donc à la charge avec une vision refondée et des ambitions reconsidérées pour sa présence dans le marché local.
Ceci étant, l’heure de gloire de Suzuki en Algérie, elle est à situer durant les 20 dernières années avec une double représentation, Diamal pour la gamme japonaise et le groupe Elsecom pour les véhicules produits par Suzuki-Maruti, le partenaire historique des Japonais en Inde. Et dès 2008, Suzuki avait décidé de ne garder qu’un seul représentant officiel, et le choix est vite porté sur Elsecom qui réalisait des volumes de vente exceptionnels avec une gamme réduite à quelques modèles seulement dont l’inénarrable Maruti 800 qui se distinguait par un rapport qualité/prix imbattable.
Grâce au développement du crédit auto et aux facilités accordées à certaines catégories professionnelles, un enseignant, entre autres, pourrait partir avec une M800 en déboursant 70 000 DA. 20 ans après, ces véhicules se sont révélés d’une fiabilité et d’une robustesse à toute épreuve. Elsecom Suzuki aura totalisé plus de 350 000 véhicules vendus tout au long de cette période.
B. Bellil Le Soir d’Algérie