Le marché du véhicule neuf en Algérie reste toujours sous forte pression. Première et seule marque, pour le moment, à investir les lieux, Fiat n’a pas encore, trois mois après le début de ses activités, réussi à absorber le lourd déficit, cumulé des années durant, entre l’offre et la demande.
Les quelques milliers de véhicules livrés à leurs nouveaux propriétaires ne sont guère qu’une goutte face aux plus de 20 000 commandes enregistrées en l’espace de quelques semaines seulement par le constructeur italien et qui attendent toujours d’être honorées.
Conscient des enjeux et du poids de ces attentes, Fiat semble décidée, aujourd’hui, à prendre le taureau par les cornes, en s’investissant lourdement afin d’assurer plus de disponibilité et satisfaire les besoins des clients algériens.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Hakim Boutehra, manager de Stellantis pour le Maghreb et président du conseil d’administration de Fiat El Djazaïr, revient sur les principales et importantes mesures décidées par le groupe international pour faire face à cette situation inédite.
Le Soir d’Algérie : Pouvez-vous nous faire un bilan pour ces trois premiers mois depuis le lancement de Fiat en Algérie ?
Hakim Boutehra : Il est évident que l’on assiste à un très fort engouement du public algérien pour la marque et pour les différents modèles que nous proposons. Trois mois après, nous continuons à constater que cette affluence se maintient et que l’intérêt aussi bien des particuliers que des entreprises ne cesse de progresser. Nous en sommes déjà à plus de 20 000 commandes enregistrées. Et j’ajouterai même qu’au-delà de l’aspect quantitatif et volume, nous commençons à relever les premiers feed-back des usagers. Le plus significatif, c’est sans doute ce client de la wilaya d’Adrar qui revient déjà au niveau du service après-vente pour la révision des premiers 10 000 km parcourus en un seul mois. Celui-ci a fait part de sa satisfaction quant à la qualité de sa Tipo, de sa climatisation, de son confort, de son comportement routier, des performances du moteur et de l’insonorisation de son habitacle.
Autant dire un retour positif important pour nous, dès lors que le véhicule est soumis, dans ce cas précis, à une utilisation intensive et dans des conditions parfois extrêmes, ce qui nous réconforte dans nos choix des modèles les plus adaptés au marché algérien et aux attentes de sa clientèle.
Qu’en est-il de la structuration de votre réseau d’agents agréés et son déploiement à travers l’ensemble du territoire national ?
Le réseau de Fiat El Djazaïr se développe comme prévu. Nous avons à ce jour, 34 agents actuellement opérationnels et ce chiffre évoluera à 40 très prochainement. Nous prévoyons même d’aller au-delà, dès la fin de l’été, avec une dizaine de nouveaux agents, soit un total de 50 représentants. Ce qui était, en fait, notre objectif pour 2024.
Donc, notre réseau se met en place rapidement et efficacement et couvrira bientôt 36 wilayas. Nous sommes, ainsi, au-delà des exigences du cahier des charges, qui fixe le minimum de couverture à 28 wilayas.
C’est aussi et surtout notre volonté de favoriser la proximité avec notre clientèle pour lui permettre de bénéficier localement de la qualité de nos différentes prestations.
Ainsi, nous avons réussi à avoir une couverture optimale du territoire national, aussi bien au sud qu’au nord du pays.
Où en êtes-vous avec la formation des différents personnels, technique et commercial devant accompagner ce déploiement ?
Parallèlement à cette opération de développement du réseau, nous avons engagé des campagnes de recrutement suivies de session de formation sur les produits et aussi sur le volet commercial. Et à partir du mois de juillet, nous entamerons la phase de certification. Un long processus qui s’étendra sur 6 mois et qui concernera l’ensemble des opérateurs affectés à la vente de véhicules neufs et l’après-vente.
Il s’agit d’un cursus de formation prévoyant des contrôles réguliers et des évaluations destinés à assurer, à partir de janvier 2024, la certification de ces personnels selon les normes de Stellantis dans les domaines de la vente et de l’après-vente.
Quelles dispositions compterez-vous prendre pour faire face à l’importante demande et satisfaire les attentes de la clientèle algérienne ?
Au sujet des quantités et des volumes, je vous informe que nous travaillons depuis quelques semaines sur un plan d’approvisionnement régulier du marché algérien. Un plan qui consiste à assurer l’arrivée chaque mois de 10 à 12 000 véhicules pour la période allant de juillet à décembre 2023 soit plus de 70 000 véhicules en 6 mois. Ce qui nous permettra de disposer de plus de disponibilité dans le pays et assurer la satisfaction des attentes de nos clients.
Aussi, nous demandons aux clients de faire preuve de patience, le processus d’approvisionnement est engagé, les véhicules arriveront prochainement et nous pourrons bientôt constituer les stocks nécessaires pour faire face à la demande. Qu’ils ne se précipitent pas à acquérir des véhicules sur le marché parallèle dans des conditions peu favorables, à des prix exorbitants et sans aucune garantie sur l’état du produit.
Dans quelques semaines, nous aurons un flux d’approvisionnement très régulier de véhicules et nous pourrons proposer sur le marché une offre assez large. Nous sommes même prêts à aller au-delà de ces chiffres en cas de besoin. Ainsi, nous réussirons à mettre un terme à la spéculation constatée ces derniers temps sur les prix de nos véhicules proposés ici et là à la revente.
C’est important pour nous, car nous sommes déterminés à maintenir notre offre de véhicules à des prix abordables et dans des conditions conformes aux standards du groupe.
L’usine sera-t-elle au rendez-vous annoncé pour les premières productions, à savoir décembre 2023 ?
Concernant l’usine, les travaux avancent comme prévu dans le planning. On est actuellement à un taux de 64% d’avancement, les équipements sont déjà achetés et une grande partie est déjà réceptionnée sur site. Tout est entrepris pour achever la réalisation de l’usine vers la fin du mois d’août prochain et entamer la production des premiers véhicules au mois de décembre.
Ils seront commercialisés en 2023 ?
Oui, dès leur sortie d’usine, ils seront proposés à la vente au niveau de notre réseau d’agents. Il s’agira, toutefois, de quantités encore limitées, en attendant la montée en cadence de l’usine.
Quel sera le programme de production des modèles ?
L’usine débutera dès décembre 2023 avec la Fiat 500, ensuite, nous aurons le Doblo utilitaire à partir de la fin du premier trimestre 2024 et, quelque temps après, il sera suivi par le Doblo en version passagers.
Et cette nouveauté annoncée en première mondiale ?
Cette nouveauté est prévue pour l’année 2025.
Entretien réalisé par B. Bellil