En marge du salon Equip’Auto Algérie (17-19 février), Guy-Olivier Ducamp, directeur général de la marque Motrio, présent à Alger, nous a accordé un entretien en compagnie de Hichem Nacer-Bey, Directeur général du groupe Renault Algérie, et Idris Saci, directeur du service après-vente du même groupe.
Motrio, qui est une marque de Renault Group créée en 1998, présente dans plus de 35 pays dans le monde dont l’Algérie, prend une nouvelle dimension avec la fabrication de pièces de rechange localement avec plusieurs partenaires algériens.
Avec un réseau de 150 garages au niveau national, Motrio Algérie, qui se réjouit de recevoir une récompense lors de la convention annuelle de l’après-vente de Renault Group ; une reconnaissance de son engagement dans le secteur automobile, compte lancer de nouveaux produits en 2025.
– Que représente pour Motrio le marché algérien qui a connu une stagnation dans l’importation des véhicules neufs ?
– Guy-Olivier Ducamp : Pour nous, Motrio, on ne parle pas de véhicules neufs, mais le marché algérien est important pour nous, c’est un grand marché, on ne parle plus d’IAM… Il n’y a pas si longtemps, on ne faisait pas beaucoup Motrio, mais l’équipe algérienne de Motrio a lancé à la fois le réseau, pour arriver à 150 magasins aujourd’hui, mais surtout on a lancé une gamme complète fabriquée en Algérie, qui correspond aux besoins du marché. L’Algérie, certes, est un marché comme les autres, mais il est un peu compliqué pour nous, parce que ce qu’on a fait ici en Algérie, on ne l’a pas fait ailleurs. Ailleurs, on développe une gamme complète internationale, soit une seule gamme Motrio, mais cela ne marchait pas en Algérie, alors on a pris la décision ensemble de faire quelque chose d’un peu plus compliqué qui est de trouver de bons fournisseurs, de bons partenaires pour répondre au besoin local et être beaucoup plus proche de notre consommateur.
Pour nous, c’est devenu un plus gros marché, important même en terme de taille et en terme visibilité. Vous imaginez dans un pays comme l’Espagne ou l’Italie, qui sont de gros marchés pour nous, on a 300 magasins, alors qu’en Algérie en peu de temps, on est presque à la même taille que les autres pays. Au-delà des 150 garages à travers 43 wilayas, on est présents partout, même dans des zones les plus loin, mais l’important aussi, est la qualité de nos garages. J’en ai visité quelques-uns, ils sont vraiment magnifiques.
– Est-ce qu’il existe un cahier des charges bien spécifique pour intégrer le réseau Motrio ?
– Dans chaque marché, il y a critère d’adhésion, mais globalement, ce qu’on demande c’est la formation, de respecter la charte, les couleurs, mais la partie qualité y est partout. En Algérie, on a vraiment de beaux garages.
– Après un premier lancement de Motrio en Algérie depuis des années, Motrio s’est relancé à nouveau, quelles sont vos ambitions sur un marché qui dispose d’un parc automobile vieillissant ?
– Certes, en Algérie, il y a eu des hauts et des bas pour Motrio, mais ces dernières années, les équipes algériennes ont décidé de faire quelque chose, il y a trois ans, et aujourd’hui on voit la différence. Et tout ce qu’on a dit, on va le faire, on le fait bien. Il y a une grosse dynamique qui n’est pas prête de s’arrêter. Cette relance se voit avec les produits, avec le développement du réseau.
– D’autres marques comme Eurorepar et Distrigo sont également disponibles sur le marché algérien ces dernières années, est ce que cela vous fait de l’ombre ou chacune des marques (Motrio, Eurorepar et Distrigo) a son propre marché ?
– La concurrence est toujours bonne, elle aide à être meilleurs. La concurrence, il faut vivre avec, l’écouter, la regarder et vérifier ce qu’ils font. Elle nous aide à être meilleurs.
– La stagnation du marché du véhicule neuf et le vieillissement du parc roulant est un avantage pour Motrio?
– Il n’y pas qu’en Algérie que le parc roulant est vieillissant. Avant le Covid-19, avant 2020, en europe, on disait qu’on avait un parc automobile vieillissant de 10 ans, mais on est passé à un parc circulant de 13 ans, et plus le véhicule est âgé, plus sa valeur est inférieure, plus on va dans les solutions un peu plus économiques comme Motrio, à savoir le bon rapport qualité-prix.
– Motrio Algérie à une nouvelle étape avec la production locale avec des partenaires locaux, avec 300 références déjà fabriquées…
– Et ce n’est pas fini! Il y a un, dans ce même salon à Equip’Auto, on a dit qu’on allait faire le développement local, ce qui était un engagement de Idris (Saci, directeur après-vente) et d’Hichem (Nacer-Bey, directeur général Renault Algérie) pour faire ce développement. Certes, pour nous c’est compliqué de faire un produit pour tout le monde, et ensemble, on a trouvé la solution. Il y déjà 300 produits et on sait ce qu’on va faire pour les deux prochaines années.
– Avec un chiffre d’affaires annoncé de 1 milliard DA, l’équivalent de 8 millions USD…
– Idris Saci (directeur du service après-vente Renault Algérie Group) : 8 millions USD qu’on peut estimer en valeur d’importation. Effectivement, c’est un chiffre d’affaires qui dépasse le milliard de dinars pour l’année 2024. Tout cela a été fait par des pièces localement produites et nous avons encore d’autres ambitions.
– Quand on parle de 300 références, ce sont des pièces destinées aux modèles du groupe Renault à savoir Renault et Dacia?
– Idris Saci : Motrio Monde, ce sont 13 000 références sur du multimarques. Nous (Motrio Algérie),, dans notre stratégie de production locale, on a d’abord ciblé la pièce qui se monte sur les marques de notre groupe Renault et Dacia, ici en Algérie, et dans une 2e étape, ce sera du multimarque.
– Idris, dans votre présentation, vous avez annoncé l’augmentation du nombre de pièces qui seront fabriquées localement pour 2025…
– Exactement, notre ambition est d’aller chercher 500 références et 1.5 milliards DA de chiffre d’affaires qui va faire encore économiser sur les importations. Aujourd’hui, un tiers du besoin en pièces de rechange nécessaire pour faire tourner nos 200 points (150 garages Motrio et 50 Renault/Dacia) est fabriqué localement.
– A combien estimez-vous aujourd’hui le parc roulant du groupe Renault Algérie?
– Je rejoins ce qu’a dit tout à à l’heure notre directeur, Guy-Olivier, le parc roulant est en train de vieillir, on atteint 8.5 ans de moyenne d’âge dans sa globalité, et notre parc Renault-Dacia suit bien sûr cette tendance, et on une clientèle très regardante sur le rapport qualité-prix. Aujourd’hui, Motrio offre cette solution du meilleur qualité-prix, avec plus de proximité et une production locale de pièces de rechange, validée par le cahier des charges du groupe Renault.
– Qu’est-ce que vous fait tout cette nouvelle dynamique et ce développement rapide pour Motrio?
– On se développe rapidement, mais de manière pragmatique. Avant, on ne se développait pas de la bonne façon. Maintenant,on est plus proche du marché, des attentes du client et ça à changer. Le fait qu’on a développé une stratégie différente comparativement il y a deux ans, ou un peu plus, cela prouve que ça fonctionne en Algérie et on voit qu’il y a une bonne dynamique, les clients nous le disent et les fournisseurs sont contents, cela va nous aider à accroître notre croissance.
– Quelle est la réaction du client algérien quand vous lui dites que la pièce est de fabrication algérienne, est-ce qu’il ne montre pas des signes de réticence ou vous fait confiance ?
– Idris Saci : cette réticence, par aveux de nos partenaires existait quand la pièce est vendue sous une marque méconnue, mais quand on a mis le même produit, qui répond au cahier des charges, dans un emballage Motrio, du groupe Renault, offrant la garantie Renault, installée dans nos ateliers Motrio et Renault Algérie, le client est vite rassurant de la gage Renault. D’ailleurs, rien qu”en 2024, on a vendu 750 000 pièces, distribuées sous label de Renault Algérie.
– Quel est le taux de retour garanti pour la pièce fabriquée localement ?
– Les chiffres que j’ai en ma possession notamment chez les fournisseurs de batteries, où nous avons commercialisé 14 000 batteries, c’est zéro retour. On est très fier sur ce point.
– Hichem Nacer-Bey (Directeur général Renault Algérie) : Le fait de proposer les pièces fabriquées localement à nos clients dans les 200 points (150 garages Motrio et 50 Renault/Dacia) est un gage du groupe Renault d’autant plus que nous avons aujourd’hui le réseau le plus étendu et le plus professionnel. Quand on est partenaire avec une marque donnée, c’est déjà le gage Renault. On ne vend pas 750 000 pièces comme ça.
– Quelles sont les ambitions de Motrio en Algérie pour les années à venir?
– Guy-Olivier Ducamp : Moi, on m’appelle Monsieur Plus. C’est toujours plus. Déjà, on a dit qu’on fera cette année 500 références localement, pour 1.5 milliard DA de chiffre d’affaires, c’est déjà un plus. Ce sont ces chiffres qu’il faut regarder d’autant plus qu’on commence à couvrir les vrais besoins des clients, ce qui est important. On a décidé l’année dernière de partir avec des fournisseurs, on l’a fait de manière très étroite. Arrivée à 500 références, on va mettre les moyens pour y arriver.
– Quels sont les nouveaux produits que Motrio compte lancer en cette année?
– Idris Saci : L’étape prochaine consiste à fabriquer avec nos partenaires locaux des pièces plus techniques telles que les plaquettes de frein, faisceaux d’allumage, pièces de suspension, pièces de refroidissement ainsi que des fluides automobiles premium. Toujours avec la rigueur imposée qui est celle d’un constructeur automobile, garant de la qualité des produits. Ces développements permettront de dépasser le chiffre de 500 références.
Entretien réalisé par Ahmed AMMOUR