Stéphane Harmand, le directeur général de Renault Trucks Algérie, en marge de la 2e édition de la caravane «Eco Drive & Road Safety», dont le coup d’envoi a été donné dans la wilaya de M’sila, affirme que la politique Renault Trucks en Algérie s’inscrit dans la production des camions «Made in Bladi», selon le cahier des charges, avec un taux de localisation de 30 % d’ici à cinq ans..
Le Soir d’Algérie : Quels objectifs assignez-vous à ces campagnes de sensibilisation et de formation des conducteurs de poids lourds ?
Stéphane Harmand : Nous assistons à partir de M’Sila au lancement de la 2e édition de notre caravane «Eco Drive & Road Safety». Deux thèmes ont été retenus, à savoir la conduite économique et la sécurité routière. Pour la conduite économique, c’est faire en sorte que le camion consomme moins de carburant et rejette moins de polluants. Il y a donc une dynamique de rentabilité économique et de préservation de l’environnement. Et nous accordons une attention particulière à cette dimension environnementale.
Le second thème, c’est la sécurité routière qui occupe une place importante en Algérie et que Renault Trucks a décidé d’en faire une de ses missions dans le but de sensibiliser les chauffeurs de poids lourds sur les enjeux de la sécurité et aussi sur la nécessité de préserver l’ensemble de l’écosystème routier, les camions, les voitures, les motos, les piétons et les routes. L’objectif étant de faire interagir le conducteur et le camion avec cet environnement. Pour cela, nous avons mobilisé les experts en la matière de Renault Trucks Algérie et fait appel à des experts externes, à l’image d’un coach motard, Samir Khemissi, reconnu pour la pertinence de ses formations. Cette campagne sera étendue à 8 wilayas du pays (M’Sila, Béjaïa, Sétif, Tadjenent, Constantine, Guelma, Oran et Alger) et est destinée à tous les chauffeurs algériens, y compris ceux des marques concurrentes. Le but de cette démarche est loin d’être commercial, mais surtout de contribuer à la formation du plus grand nombre de chauffeurs. Et à chaque étape, nous prévoyons de former une quinzaine de chauffeurs, soit un total de plus de 200 chaque année.
Il y a lieu de signaler que cette formation ne se limitera pas à ces épreuves sur le terrain, mais sera déployée sur les réseaux sociaux pour permettre à un plus grand nombre de conducteurs d’accéder à ces cycles de perfectionnement et de sensibilisation. De même que nous comptons associer à notre démarche de nouveaux partenaires, à l’image de Michelin Algérie.
Ainsi, nous aurons réussi à faire partager avec les uns et les autres les valeurs qui guident notre démarche, en l’occurrence la sécurité routière et l’environnement.
Pourriez-vous nous parler de l’avenir de Renault Trucks Algérie à la lumière des derniers développements qu’a connus le secteur de l’automobile ?
Comme je l’ai toujours signalé, Renault Trucks est une marque qui est très attachée à l’Algérie. Aussi, les Algériens et nos fidèles clients sont également très attachés à la marque Renault Trucks. Historiquement, Renault Trucks est, avant tout, Berlier avec une très longue histoire de présence, de robustesse et de fiabilité.
Pour l’anecdote, j’ai passé quelques jours à Timimoun et rencontré une vieille personne qui me parlait de Berlier et de son attente pour la livraison de tel ou tel matériel et autres pièces. C’est pour vous dire que le camion Berlier ou encore Renault Trucks est historiquement présent dans le cœur de nos clients depuis des lustres. On est là depuis très longtemps et aujourd’hui on est encore là avec un réseau de concessionnaires, de distributeurs et de réparateurs le plus dense en Algérie. Nous avons aussi une usine qui a tourné pendant deux ans et qui a produit plus de 2 000 camions qui circulent sur les routes d’Algérie. Aujourd’hui, un camion sur deux qui circulent en Algérie est de marque Renault Trucks, parce que nous sommes aux côtés de nos clients et n’avons pas l’intention de les lâcher.
Pour le futur, Renault Trucks Algérie s’inscrit dans la production de véhicules en Algérie et je le souligne très clairement. On ne souhaite pas la solution de facilité qui est l’importation. Nous avons pris le chemin le plus compliqué, c’est-à-dire produire des camions «Made in Bladi», comme le cahier des charges le réclame, avec un taux de localisation de 30 % d’ici à cinq ans. Je veux dire par là que 30 % des composants qui seront montés sur nos camions seront produits en Algérie grâce à des partenaires qui sont déjà identifiés pour certains, et qui le seront prochainement pour d’autres. Cela relève d’une démarche de longue haleine.
Pour l’heure, nous sommes en attente de l’accord des autorités pour accélérer la cadence vers la phase production. Si nous avons ce feu vert dans les prochains jours ou les prochaines semaines, nous serons en capacité de produire en 2023 des véhicules. C’est très important pour l’Algérie et l’économie du pays qui repose sur le transport de marchandises utilisant essentiellement le camion. Aujourd’hui, nos transporteurs ont un besoin de véhicules, soit pour renouveler leurs véhicules, soit pour renforcer leurs flottes. Il est donc important qu’on démarre le plus rapidement possible l’activité de production de l’usine.
Est-ce que le dossier avance actuellement au niveau du ministère de l’Industrie ?
On fait de sorte à ce que le dossier avance bien. Nous sommes constamment en interaction avec le ministère de l’Industrie. Comme vous le savez tous, le ministère de l’Industrie a déployé plusieurs marques automobiles, comme Fiat, Opel et JAC pour les petits camions.
Vous savez aussi que le ministre de l’Industrie s’est déplacé dernièrement en Italie pour approfondir la question de la sous-traitance automobile et faire venir en Algérie des équipementiers italiens. Je rappelle que nous avions entamé également en 2019 une démarche auprès des fournisseurs automobiles à Alger. Nous avions été parmi les premiers, sinon le premier constructeur à faire une première rencontre des sous-traitants à Alger et cela a été un succès. La deuxième édition de cette rencontre ne tardera pas, bien évidemment, après le feu vert des autorités. Nous sommes toujours en pleine démarche pour identifier les sous-traitants automobiles. Nous pouvons aller très loin et très vite.
Quelle place occupe, aujourd’hui, Renault Trucks Algérie sur le marché national ?
En parlant de volumes, Renault Trucks détenait, historiquement, entre 40 et 50% des parts de marché en Algérie. Comme vous le savez, le marché du poids lourd, c’est un petit volume comparativement à la voiture particulière et cela est valable dans tous les pays. Il y a plus de voitures que de camions. Nous avons actuellement le plus grand nombre de camions sur le territoire national, avec un camion sur deux qui circulent sur les routes algériennes, soit quelque 20 000 véhicules poids lourds de marque Renault Trucks.
Nous dépassons de loin la concurrence et je dirai que nous sommes leaders sur le marché algérien. Maintenant, nous respectons la concurrence, la bonne concurrence et la vraie concurrence. Donc, nous invitons les marques de camions à venir s’implanter en Algérie et à faire comme nous, c’est-à-dire à produire et à localiser la fabrication de certains composants. Plus il y aura d’opérateurs en Algérie, plus la production automobile sera dynamisée au travers de ces nouveaux opérateurs. Nous restons convaincus que la concurrence est une très bonne chose pour pouvoir progresser. Ceci dit, nous serons les premiers, je l’espère et le souhaite, et que nous serons suivis par d’autres constructeurs.
Propos recueillis par B. B.