Septembre 2023 – septembre 2024. Douze mois nous séparent de ce premier rendez-vous avec l’espoir d’une véritable reprise de l’activité automobile en Algérie. Une décision qui avait permis de briser la chape de plomb qui a pesé lourdement sur le marché local, en le déstructurant, le dénaturant et en le replongeant, de nouveau, dans l’anarchie, l’amateurisme et les pénuries à répétition.
L’autorisation accordée à 24 concessionnaires officiellement installés d’importer 180 000 véhicules neufs en 2023 a, en effet, redonné des couleurs à une activité laissée en jachère 6 années durant, et qui a fini, hélas, par perdre l’essentiel de ses repères professionnels. Ce premier programme a offert l’opportunité de renouveler partiellement le parc auto national dont les signes de vieillissement commençaient à affecter sérieusement la sécurité des personnes et des biens.
Entamés au mois de novembre 2023, les quotas attribués aux uns et aux autres, dont 80% de représentants de marques chinoises, ont été consommés au plus tard aux premiers mois de l’année 2024. Exception faite de quelques concessionnaires ayant bénéficiéde volumes importants, dépassant de loin leurs capacités financières propres. A ce jour, certains n’ont toujours pas importé la totalité des volumes qui leur ont été affectés, en dépit des mises en garde du ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique. Une situation qui a créé aussi une confusion parmi les milliers de clients qui attendent depuis des mois la satisfaction de leurs commandes.
Défaillance des services après-vente
Les autres concessionnaires qui ont honoré entièrement leurs engagements, vis-à-vis tant du gouvernement que de leurs clients, et après avoir engagé de lourds investissements pour se conformer aux exigences du cahier des charges relatif à cette activité, se retrouvent dans une situation de chômage technique, pour certains, depuis le début de l’année en cours. Des compressions d’effectif ont été rendues inévitables, notamment pour les services commerciaux et de livraison.
La situation est encore plus accentuée pour les concessionnaires ayant obtenu l’agrément bien après la mise en application de ces premières importations, et qui font face à d’importantes dépenses liées principalement aux frais de personnels, de location et de gestion au quotidien de ces concessions.Par ailleurs, les clients ayant pu acquérir un véhicule dans le cadre de ces quotas ne tarderont pas à connaître des difficultés d’une autre nature, en l’occurrence l’incapacité de la plupart des services après-vente d’assumer pleinement leurs obligations contractuelles dans le domaine de l’entretien et la disponibilité des pièces de rechange d’origine. Quant aux grosses réparations de tôlerie ou de casse moteurs, cela relève du véritable parcours du combattant. La raison reste principalement la récurrence des pénuries de pièces de rechange et surtout celle d’usure ordinaire, à l’image des filtres et des huiles moteurs. Ce qui rend le respect des opérations réglementaires de révision et d’entretien très aléatoire. A cela s’ajoute une augmentation assez prononcée des tarifs de ces pièces.
Une incertitude pesante
En parallèle, les marchés de l’occasion connaissent un net recul des prix pratiqués par les puissants lobbys qui contrôlent ces hauts lieux de la revente. Malheureusement, et après épuisement des stocks de véhicules neufs disponibles chez les concessionnaires officiels, cette «embellie» ne durera que quelques mois avant que la bourse des épaves ne renoue de plus belle avec les hausses effrénées.
Aujourd’hui, une année après, l’incertitude quant à l’avenir de ce secteur de l’économie nationale est on ne peut plus pesante. Aucune perspective sur une reprise prochaine n’est pour l’heure perceptible pour l’activité des concessionnaires, dont le nombre ayant décroché l’agrément atteint, selon le ministre de l’Industrie, le chiffre impressionnant de 81, ce qui pose déjà des questions sur la répartition du prochain et éventuel programme d’importation de voitures. Il en est de même pour l’activité de fabrication qui constitue une préoccupation majeure pour le gouvernement qui entend miser plutôt sur la mise en place d’une véritable industrie automobile nationale, que de recourir régulièrement à ces importations coûteuses pour les réserves de change du pays.
En plus des dossiers d’investissement établis par des constructeurs internationaux, et qui sont en attente d’agrément, on signale la décision des autorités publiques de relancer certains sites de production récupérés par l’Etat suite aux saisies de justice afin de les intégrer dans ce processus en phase de maturation. Pour cela, des contacts devraient être établis avec les groupes internationaux susceptibles d’adhérer à cette démarche, y compris les marques précédemment impliquées, comme c’est le cas de Kia pour le site de production de Batna.
En attendant la formation du nouveau gouvernement et l’entrée en fonction du ministre en charge de ce département, il reste à espérer que l’exercice en cours ne sera pas une autre année blanche pour l’automobile en Algérie.