Lors de la visite du président Abdelmadjid Tebboune en juillet dernier en Chine, son hôte, Xi Jinping, avait affiché la volonté de son pays d’implanter l’une des plus grandes usines de batteries au lithium en Algérie.
On se rappelle qu’au terme de la visite du président Tebboune en Chine, il s’était rendu à l’entreprise BYD dans la ville de Shenzhen, dans le sud de la Chine, spécialisée dans la production de véhicules électriques. L’occasion pour Abdelmadjid Tebboune de réaffirmer que l’Algérie «offre toutes les facilités et accorde de nombreux avantages aux investisseurs étrangers, y compris aux fabricants automobiles, qui sont les bienvenus dans notre pays». Et d’ajouter que «notre pays est qualifié pour être un pôle de construction automobile, compte tenu de sa position stratégique en Afrique et sa proximité de l’Europe».
Le contrat de BYD avec le Maroc annulé
Les choses semblent s’orienter vers la concrétisation de ce projet au vu des récentes évolutions des ambitions du constructeur chinois dans la région, ceci d’autant que les relations algéro-chinoises ont évolué vers des partenariats stratégiques qui englobent l’agriculture, le transport ferroviaire, les énergies renouvelables, l’industrie automobile… . En effet, le géant mondial des véhicules électriques, qui avait signé, décembre 2017 à Casablanca, un protocole d’accord pour la construction d’usines au Maroc, en partenariat avec l’homme d’affaires marocain, Mehdi Laraki, a mis un terme, ces derniers jours, au projet d’implantation d’une usine de batteries électriques à Tanger Tech. Le projet comprenait la construction d’une usine de batteries de voitures électriques, d’une usine de bus et de camions électriques et d’une usine de voitures monorail électriques sur une superficie de 50 hectares, dont 30 couverts. Ce projet devrait générer 2500 emplois directs et contribuer au renforcement des relations entre la Chine et l’Afrique. En plus des trois usines, la construction d’une unité de production de voitures électriques était également prévue. Près de sept ans plus tard, le projet est resté au point mort.
Quel intérêt d’une usine de batteries au lithium ?
Le monde s’oriente vers les véhicules électriques. Les deux principaux facteurs qui freinent encore l’essor du véhicule électrique sont le prix et l’autonomie. Mais dans le prix d’un véhicule électrique, la batterie reste la partie la plus importante, en ce sens que les cellules de la batterie peuvent représenter environ 40% du coût d’un véhicule électrique.
Et dans les récentes avancées de l’électrique, la production des batteries au lithium et lithium-ion ont largement avancé dans l’Empire du Milieu, au point où sa production de voitures électriques représente plus de 50% de la production mondiale.
Les batteries lithium-ion sont considérées comme la technologie de référence dans le secteur de l’automobile électrique. Par rapport à la technologie des batteries traditionnelles, les batteries au lithium-ion se chargent plus rapidement, durent plus longtemps et ont une densité énergétique supérieure, ce qui se traduit par des batteries plus légères et par une plus grande autonomie
Et dans ce domaine, la Chine a pris de l’avance en en produisant localement où la main-d’œuvre bon marché et les matières premières sont disponibles à des prix très compétitifs. La Chine est ainsi devenue, depuis quelques années, le leader mondial des véhicules électriques. Et ce, qu’il s’agisse de volumes de production ou de coûts.
Aujourd’hui, les entreprises chinoises qui entendent envahir le monde aspirent à la construction de giga-factories aux Etats-Unis et en Afrique du Nord. Avec une usine en Algérie, c’est tout le marché africain et européen de l’électrique qui sera visé. Et pas seulement des voitures électriques, mais aussi des camions, des bus, des scooters…
Le marché automobile mondial en route vers le tout électrique
L’agence internationale de l’énergie estime, dans un nouveau rapport, que les véhicules électriques pourraient représenter 18% des ventes de nouveaux véhicules en 2023, avec plus de 14 millions d’unités, contre 10 millions en 2022. L’option des véhicules électriques a été adoptée au terme des négociations sur les mesures à prendre pour réduire l’impact carbone à l’origine des dérèglements climatiques.
Avec la décision de l’Europe de mettre un terme aux moteurs thermiques en 2035, la course est lancée. Mais dans ce domaine, la Chine a pris une sérieuse avance. A partir des années 2000, les autorités chinoises ont injecté des milliards de dollars dans la mobilité électrique, entre subventions et allègements fiscaux, mais aussi l’attribution de contrats de transport public à des entreprises de véhicules électriques.
A défaut d’être concurrentielle avec l’Occident sur les véhicules thermiques, l’option de l’électrique était alors prise. Aujourd’hui, le marché chinois, «le plus dynamique au monde» selon Counterpoint Research, compte plus de 94 marques qui proposent plus de 300 modèles différents.
Mieux encore, les constructeurs chinois lorgnent désormais les marchés étrangers, à l’image de BYD, l’un des plus gros vendeurs du pays, et qui commercialise déjà des voitures particulières dans une cinquantaine de territoires, dont l’Europe, l’une de ses priorités, et celle de nombreux autres groupes chinois.
Une délégation chinoise déjà à Alger
Depuis quelques jours, une délégation du gouvernement de la province de Shaanxi séjourne à Alger dans le but d’explorer des projets de coopération et de partenariat entre l’Algérie et la Chine, profitant de la dynamique créée par la visite effectuée, en juillet dernier en Chine, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et sa rencontre avec le président chinois, Xi Jinping. La visite de la délégation chinoise a pour but de «mettre en œuvre le consensus important» entre les chefs d’Etat des deux pays afin «de renforcer davantage les échanges et la coopération avec l’Algérie au niveau local», et de permettre à la coopération bilatérale «d’atteindre de nouveaux résultats». C’est du moins ce qu’a déclaré le Secrétaire du comité politique et juridique du Parti communiste chinois de cette province, Liu Qiang, lors d’une conférence de presse, organisée hier au siège de l’ambassade de Chine à Alger. Liu Qiang a également rappelé les relations historiques entre l’Algérie et la Chine, liées par un partenariat stratégique global, et un engagement des Présidents des deux pays «à approfondir la coopération dans le cadre de la vision d’une Nouvelle Algérie et de l’initiative La Ceinture et la Route, notamment dans les domaines de la construction automobile, l’aérospatial, l’agriculture, la culture et le tourisme. Il rappellera que l’Algérie et la Chine «sont engagées dans une coopération mutuellement bénéfique dans de nombreux domaines et sont devenues des partenaires stratégiques».
Brahim Aziez In L’Algérie Aujourd’hui