Les rédacteurs du projet de loi de finances complémentaire (PLFC-2020), en instituant une nouvelle et importante taxe sur les véhicules neufs importés par les concessionnaires et dont les montants varient entre 100 000 DA et 2 000 000 DA selon la motorisation et la cylindrée, ont-ils réellement mesuré la portée de cette taxe sur la bourse du citoyens?
Dans l’argumentaire du gouvernement, le produit de ces nouvelles taxes sera affecté au Fonds spécial pour le développement des transports publics.
Cependant, il est aujourd’hui notoirement établi qu’en dehors des quelques lignes de tramway et de métro dans de rares villes, le reste du pays est couvert par une pléthore de transporteurs privés imposant leur diktat aux citoyens. Le chemin de fer est loin d’être ce moyen idéal pour assurer un maillage efficace entre toutes les régions, alors que l’avion demeure toujours inaccessible par la cherté de ses billets.
C’est dire que cet argument ne peut, à lui seul, justifier le caractère excessif et inédit de ces nouvelles taxes. Si, dans la conception gouvernementale, la voiture est un produit de luxe pour le citoyen, en revanche, c’est bel et bien un moyen de mobilité pour pallier, dans la dignité, à l’anarchie, l’insécurité et l’incivilité dans le secteur des transports publics.
De même, il est utile de souligner que ces taxes viennent s’ajouter à une révision à la hausse des prix à l’importation due à une autre dévaluation du dinar par rapport aux principales monnaies étrangères, ce qui ne manquera pas de rendre les prix à la vente bien plus élevés que prévu.
Par ailleurs, nous constatons dans les propositions du gouvernement, que le diesel est encore une fois favorisé face à l’essence, notamment pour les cylindrées égales ou inférieures à 1 500 cm3, soit la catégorie de véhicules la plus demandée par les citoyens à moyens revenus. Une niche qui a toujours représenté plus de 50% des ventes globales de voiture en Algérie. Dans le document on relève, en effet, que pour les motorisations essence il est prévu une taxe de 250 000 DA alors que pour le diesel, elle est limitée à 200 000 DA.
Ce qui place le gouvernement en porte-à-faux par rapport à ses engagements environnementaux internationaux. Ceci étant, le projet de loi de finance en question devra être soumis aux députés des deux Chambres avant d’être promulguée au courant du mois de juin prochain. Des modifications y seront sans doute apportées. Attendons pour voir.
Rappel des nouvelles taxes
Pour les véhicules de tourisme essence :
– 100 000 DA pour les cylindrées inférieures ou égales à 800 cm3.
– 250 000 DA pour les cylindrées supérieures à 800 cm3 et inférieures ou égales à 1500 cm3.
– 450 000 DA pour les cylindrées supérieures à 1500 cm3 et inférieures ou égales à 2000 cm3.
– 1 000 000 DA pour les cylindrées supérieures à 2000 cm3 et inférieures ou égales à 2500 cm3.
– 1 500 000 DA pour les cylindrées supérieures à 2 500 cm3.
Pour les véhicules de tourisme diesel :
– 200 000 DA pour les cylindrées inférieures ou égales à 1 500 cm3.
– 800 000 DA pour les cylindrées supérieures à
1 500 cm3 et inférieures ou égales à 2000 cm3.
– 1 500 000 DA pour les cylindrées supérieures à 2000 cm3 et inférieures ou égales à 2500 cm3.
– 2 000 000 DA pour les cylindrées supérieures à 2 500 cm3.
B. Bellil Le Soir d’Algérie
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