L’adoption du projet de loi de finances complémentaire (PLFC 2020) par le Conseil des ministres dimanche avec les décisions liées à la réorganisation du secteur automobile en Algérie va devoir réhabiliter les concessionnaires automobiles avec un retour à une situation normalisée.
La page de la fameuse parodie d’«industrie automobile nationale » semble définitivement tournée.
Ainsi, le président de la République a décidé de mettre un terme à la dilapidation organisée des deniers publics au nom d’une activité douteuse dont les véritables raisons de la mise en place ont été dévoilées par la justice dans le cadre de procès très lourds en révélations.
La décision du premier magistrat du pays stipule « l’annulation du régime préférentiel pour l’importation des lots SKD / CKD pour le montage de véhicules et d’autoriser l’importation de véhicules touristiques neufs par les concessionnaires automobiles ».
Une mesure qui annonce clairement un retour à un fonctionnement standardisé de cette activité qui a fini par polariser les attentions et se hisser même au niveau d’une préoccupation nationale.
Et même si cette décision ne semble pas exclure d’éventuelles importations de ces kits après paiement des droits et taxes, cette option aura, sans aucun doute, peu d’intérêt comparée aux coûts de véhicules importés en l’état (CBU). En outre, dans le communiqué de la présidence, il est précisé que le retour aux importations ne concerne que les véhicules touristiques neufs. Qu’en sera-t-il des utilitaires, des bus et des poids lourds ?
Deux métiers différents
En décidant de restituer l’activité d’importation et de vente de véhicules neufs à ses véritables professionnels, dont certains cumulent plus de 20 années d’exercice, le président de la République a, judicieusement, fait la séparation entre deux métiers, certes complémentaires, mais complètement différents, celui de l’industrie automobile et celui de la vente et l’entretien. De ce fait, la confusion sciemment entretenue par l’ancien ministre Bouchouareb et ses parrains dans ce secteur a eu des conséquences gravissimes , aussi bien sur les finances du pays que sur les habitudes des clients. Car au final, l’Algérie n’a, non seulement pas eu sa filière mécanique tant promise, mais en plus, elle a perdu une réelle avancée dans la gestion professionnelle du secteur.
De son côté, l’Algérien s’est vu proposer des véhicules triturés localement à des prix prohibitifs et disposer, en parallèle, de prestations de service après-vente bien en deçà des normes internationales.
Un braquage en bonne et due forme
C’est dire la faillite d’une démarche qui n’était, en définitive, qu’une véritable OPA lancée sur le secteur, à travers une redistribution des marques en présence à une poignée de courtisans et l’éloignement forcé de leurs représentants historiques. Cela s’était traduit par la déstructuration d’une activité ayant atteint un niveau de maturation appréciable et le licenciement dans la douleur de près de 100 000 travailleurs. Des groupes comme Cevital et Elsecom ont fait l’objet d’un braquage en bonne et due forme pour les spolier des marques qu’ils avaient introduites pour la première fois et développées en Algérie, Hyundai pour l’un et 5 marques pour l’autre (KIA, Suzuki, Isuzu, Ford, Daweoo camion). Alors que la société Emin Auto s’est vu refuser l’agrément pour son projet pour lequel de lourds montants ont été dépensés dans la préparation et la réalisation de la plateforme devant accueillir les bâtiments de l’usine de camion JAC.
B. Bellil Le Soir d’Algérie