Le doute n’est désormais plus permis, l’expérience de l’assemblage en SKD de véhicules en Algérie ne sera pas renouvelée. Le verdict a été prononcé par le premier magistrat du pays, Abdelmadjid Tebboune, au cours d’une entrevue avec des représentants de la presse nationale vendredi dernier.
Certes, c’est loin d’être une première, puisque, lors de sa toute première sortie publique, à l’occasion de la Foire de la production nationale, il avait déjà esquissé les grandes lignes de sa politique de restructuration du secteur industriel et celui de l’automobile en particulier. Il avait alors dénié à cette démarche la dénomination d’industrie automobile.
Quelques jours plus tard, c’est le ministre en charge de ce département, Ferhat Aït Ali, qui prend le relais et démonte, dans nombreuses déclarations médiatiques, le choix des anciens responsables pour une filière mécanique nationale, en la qualifiant de manœuvre pour un enrichissement illicite et un détournement à grande échelle des richesses du pays.
Une aventure chèrement payée par le Trésor public
Les nouvelles déclarations du président de la République semblent venir sonner, d’une manière définitive, le glas à une aventure qui aura coûté énormément cher au Trésor public. Il insistera au moins à deux reprises sur le fiasco de cette démarche et affirmera solennellement que l’importation des kits d’assemblage ne sera plus autorisée. Il rappellera aussi qu’un nouveau cahier des charges organisant le secteur est en cours de préparation et qui imposera de nouvelles dispositions pour assainir le secteur et exiger des futurs investisseurs des efforts concrets et sérieux en vue de créer une véritable industrie automobile où la fabrication de la carrosserie sera une condition sine qua non pour l’aboutissement du projet. Plus de détails ont été, du reste, donnés par le ministre de l’Industrie avant l’apparition de la pandémie de Covid-19 qui a mis en veilleuse toutes les décisions économiques. Il avait même annoncé la publication de ce nouveau cahier des charges pour l’automobile à la fin du mois d’avril écoulé. Mais ce redoutable virus aux graves retombées en a décidé autrement. La priorité est naturellement donnée à la lutte contre cette pandémie et la préservation de la vie des citoyens.
Une crise aux multiples répercussions
Aujourd’hui et en prévision d’un retour progressif à une situation normalisée, le secteur automobile revient à l’ordre du jour. Les professionnels, les observateurs et les citoyens attendent la mise en vigueur de ces nouvelles décisions, notamment la publication de ce nouveau cahier des charges qui aura, au moins, le mérite de remettre les pendules à l’heure dans un secteur qui a été la proie à la prédation plus qu’à une réelle volonté de construire.
La crise que vit le secteur a eu des répercussions négatives sur le fonctionnement professionnel de ce secteur et une détérioration prononcée de la qualité des prestations assurées au client algérien. La situation s’est aggravée davantage avec le holà mis à cette parodie industrielle et la pénurie de produits qui semble s’installer dans la durée. D’autant que les restrictions sanitaires imposées de par le monde et qui ont paralysé l’industrie automobile internationale ne manqueront pas de reporter à des dates lointaines l’échéance de normalisation. La réouverture de showrooms garnis de différents modèles n’est, à l’évidence, pas pour demain.
Le véhicule d’occasion comme alternative
Seule offre disponible pour l’heure, les véhicules d’occasion dont les prix ne cessent d’être révisés à la hausse. Un marché qui a de beaux jours encore devant lui. A cela s’ajoute la suspension pour cause de pandémie des importations par revendeurs interposés et qui ne permettent pas actuellement d’alimenter le marché et diversifier son offre produits. Une situation vécue difficilement aussi bien par les clients particuliers que par les entreprises et les institutions de l’Etat.
Seule certitude de l’heure, le non- retour à la situation d’avant février 2019 et le monopole offert sur un plateau d’argent à une poignée d’investisseurs choisis parmi la faune de courtisans qui gravitaient autour des décideurs de l’époque. Pour le reste et avec l’opacité supplémentaire ajoutée par le coronavirus, les perspectives d’évolution dans le secteur semblent plus incertaines que jamais.
B. Bellil Le Soir d’Algérie