vendredi 22 novembre 2024
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Dieselgate: perquisitions visant Mitsubishi Motors en Allemagne

La justice allemande, qui enquête sur le Dieselgate, a effectué mardi dernier une série de perquisitions concernant cette fois-ci des voitures du groupe japonais Mitsubishi Motors, dont le titre chutait mercredi à la Bourse de Tokyo.

Dix sites, dont des locaux du constructeur nippon, ont été visités dans le cadre de l’enquête pour « fraude » sur les niveaux de pollution de moteurs diesel truqués, a annoncé le parquet de Francfort dans un communiqué. Le scandale, qui a été surnommé « Dieselgate », a déjà éclaboussé plusieurs groupes allemands et internationaux ces dernières années.

« Il existe le soupçon » que des moteurs diesel installés dans « des voitures de la marque Mitsubishi » soient « équipés d’un logiciel » les faisant apparaître moins polluants lors de tests que dans la circulation r éelle, a expliqué le parquet de Francfort. L’enquête vise « des responsables d’un groupe automobile international », « de deux équipementiers internationaux » ainsi que d’une société commerciale, a-t-il précisé. Un porte-parole de Mitsubishi Motors au Japon interrogé par l’AFP a confirmé mercredi que le distributeur du groupe en Allemagne, ainsi que son site européen de recherche-développement, également implanté outre-Rhin, avaient fait l’objet d' »inspections » la veille par la justice allemande.

L’allemand Continental, deuxième équipementier mondial, a aussi confirmé à l’AFP que trois de ses sites avaient été visés par des perquisitions et que l’entreprise était « citée dans l’enquête en tant que témoin ». Des locaux de l’équipementier japonais Denso ont également été perquisitionnés mardi en Allemagne, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole du groupe au Japon, confirmant des informations de l’hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche, sans toutefois souhaiter en dire davantage.

Le titre Denso (entreprise au tiers détenue par le groupe Toyota) lâchait 1,88% à 4.909 yens vers 04H20 GMT à Tokyo. Mitsubishi Motors, Continental et Denso ont tous assuré qu’ils coopéraient avec les enquêteurs. Les perquisitions ont eu lieu notamment en Hesse (ouest de l’Allemagne), Bavière (sud) et Basse-Saxe (nord-ouest) et concernaient spécifiquement des moteurs diesel 1,6 et 2,2 litres certifiés selon les normes EURO 5 et EURO 6, selon le parquet. Elles s’inscrivent dans le vaste scandale des moteurs diesel truqués qui a éclaté en 2015, quand le constructeur allemand Volkswagen a avoué avoir équipé 11 millions de véhicules de logiciels capables de fausser le niveau des émissions.

 

Multiples enquêtes

Depuis, plusieurs constructeurs et équipementiers ont été mis en cause et perquisitionnés en Allemagne dans l’affaire. Mitsubishi Motors avait avoué en 2015 avoir intentionnellement embelli les niveaux de consommation de carburant de plusieurs modèles de véhicules vendus au Japon. Le groupe n’avait cependant rien dit d’un éventuel trucage de ses émissions d’oxyde d’azote (NOx), au coeur du Dieselgate. Ebranlé par ce scandale, le groupe avait été sauvé par son compatriote Nissan en 2016, qui a pris 34% de son capital. Mitsubishi Motors est depuis lors le troisième membre de l’alliance Renault-Nissan.

L’équipementier Bosch, qui a payé quelque 400 millions d’euros d’amendes en Allemagne et aux Etats-Unis sans admettre sa culpabilité, a indiqué à l’AFP ne pas être visé par les perquisitions mardi. Plusieurs parquets allemands ont lancé des enquêtes dans ce dossier à tiroirs, qui a vu le renvoi devant la justice de l’actuel et de l’ancien patron de Volkswagen ainsi que de plusieurs actuels et anciens employés du constructeur.

Chez le numéro un automobile allemand, le scandale a déjà coûté plus de 30 milliards d’euros en rappels et frais judiciaires au groupe, qui a annoncé en janvier avoir entamé des négociations pour solder à l’amiable le grand procès l’opposant à des centaines de milliers de clients en Allemagne.

Quant à l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, elle tente actuellement de tourner la page de l’ère Carlos Ghosn, dont l’arrestation puis l’inculpation au Japon fin 2018 a affaibli les liens étroits entre les groupes. Poursuivi pour diverses malversations financières présumées, l’ancien grand patron clame son innocence sur toute la ligne et a fui au Liban fin décembre pour fuir un procès selon lui inique.

Le Japon réclame l’extradition de l’homme d’affaires détenteur des nationalités française, libanaise et brésilienne.

source AFP