L’homme d’affaires Abderrahmane Achaïbou attendait visiblement depuis longtemps cette comparution devant la justice pour dévoiler, dit-il, «tout le mal que lui ont fait Abdeslam Bouchouareb et Ahmed Ouyahia». «Dieu merci, lance-t-il au juge, ce jour est arrivé».
Abderrahmane Achaïbou, homme d’affaires spécialisé dans le montage automobile, affirme avoir été «détruit par Abdeslam Bouchouareb» qui «entravait systématiquement tous les dossiers que nous déposions, il les écartait et agissait pour qu’ils ne soient pas retenus (…) ils nous ont éliminés pour six marques alors que nous présentions toutes les conditions et que nos dossiers étaient complets.»
Il poursuit devant une assistance hébétée : «En 2016, nous avons déposé un dossier pour la marque Ford, en le voyant, Bouchouareb a dit à l’un de ses collaborateurs, «que Achaïbou s’estime heureux qu’on lui ait laissé cette marque» (…) pour les dossiers bloqués, j’ai saisi Abdelmalek Sellal qui a constaté que le dossier était complet et que nous réunissions toutes les conditions, mais il m’a expliqué qu’il ne pouvait absolument rien faire car il n’avait aucune autorité sur Bouchouareb.»
Sa déclaration rejoint ici celle faite le premier jour du procès par l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal. Celui-ci affirmait qu’il ne lui servait à rien d’alerter les plus hautes autorités du pays car «elles n’agissaient pas en ce qui concerne l’ancien ministre de l’Industrie».
Dans son témoignage, en tant que partie civile, l’homme d’affaires Achaïbou affirme également avoir adressé quatre correspondances à Ahmed Ouyahia au moment où celui-ci occupait le poste de Premier ministre, mais qu’il n’avait jamais reçu de réponse.
«Nous avons également adressé des correspondances à Tebboune au moment où ce dernier était Premier ministre, nous avons écrit à Mahdjoub Bedda, mais on ne nous a jamais répondu (…) Nos partenaires étrangers nous ont dit qu’il y avait un problème politique dans notre pays et qu’il valait mieux régler cela avant de postuler (…) la marque KIA nous a ainsi été rejetée, Bouchouareb l’a octroyée à une personne qui n’a aucune expérience dans ce domaine, il l’a donnée à Larbaoui (…) La société KIA m’a informé qu’elle ne voulait plus poursuivre son partenariat avec moi, préférant travailler avec Larbaoui, alors que j’ai 17 ans d’expérience dans le domaine (…) Bouchouareb est responsable de la hausse du prix des véhicules dans le pays, le montage automobile est une catastrophe dans notre pays.»
Un cadre du ministère de l’Industrie, membre de la fameuse commission technique chargée d’étudier les dossiers des postulants, témoigne : «Le dossier de Achaïbou était complet. Il présentait toutes les conditions requises, mais la secrétaire du ministère a refusé de mettre le cachet sur le dossier, c’est-à-dire qu’elle ne l’a pas accepté car elle avait reçu des instructions de Bouchouareb. Quelques jours plus tard, j’ai demandé où était le dossier Achaïbou, on m’a dit que le projet avait été octroyé à Arbaoui.»
A. C. Le Soir d’Algérie