La cour d’Alger est officiellement chargée de procéder à la réouverture du dossier de l’autoroute Est-Ouest, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Et on apprend de la même manière que la Cour suprême a fait cassation le 17 juillet dernier sur le jugement promulgué quatre années plus tôt (en 2015), avant de transmettre le dossier à la cour d’Alger trois jours après. Cette dernière instance a, depuis cette date, la charge de se pencher de nouveau sur l’affaire dans un contexte sans rapport avec celui qui prévalait à l’époque.
Le corps de la justice a connu, et continue à connaître de grands changements que le ministre de la Justice et les plus hautes autorités du pays comparent à un assainissement rendu nécessaire, dans cette conjoncture marquée par une opération anti-corruption sans précédent. Les changements entrepris sont de grande envergure et ont été accentués par la mise en place d’un mouvement ayant touché près de trois mille magistrats.
On a pu aussi assister à l’ouverture d’enquêtes et même l’emprisonnement de juges (la magistrate d’El-Harrach) inculpés pour des charges liées à une mauvaise utilisation des pouvoirs qu’ils détenaient durant l’exercice de leur fonction. Le dossier de l’autoroute Est-Ouest sera également traité à un moment où les principaux concernés se trouvent incarcérés à la prison d’El-Harrach. Amar Ghoul, ancien ministre des Transports et des Travaux publics, a été placé le 18 juillet dernier sous mandat de dépôt. Lors du procès qui s’était déroulé en 2015, il avait répondu par écrit aux questions que lui avait adressées le président du tribunal. Bien qu’étant principalement concerné par le scandale, Amar Ghoul n’avait pas été inquiété par la justice à cette époque.
Des peines de prison allant d’une année à vingt ans ont été en revanche prononcées à l’encontre de plus d’une vingtaine de personnes. Sept entreprises étrangères ont été condamnées à des amendes fixées à 5 millions de DA. Trois ans de prison et 500 000 DA d’amende ont été également prononcés à l’encontre d’un fonctionnaire du ministère de la Justice pour trafic d`influence, abus de fonction, perception de présents injustifiés et corruption. Plusieurs ministres ont été cités lors de la lecture de l’ordonnance de renvoi : Amar Ghoul, qui aurait perçu un pot-de-vin important, Abdellatif Benachenhou, ancien ministre des Finances soupçonné d’avoir suggéré au principal accusé (Chani Medjdoub 10 ans de prison) de prendre attache avec les entreprises douteuses, ainsi qu’un proche de Abdelmalek Sellal qui servait d’intermédiaire avec certaines de ces entreprises. Aucun de ces noms n’a été inquiété par la justice à l’époque. «Mais aujourd’hui, les contraintes qui prévalaient sont levées», nous dit-on. La cour d’Alger devrait alors normalement procéder à la convocation des parties qui n’ont pas été écoutées ou entendues de manière superficielle en 2015. «Ces dernières, affirme-t-on, pourraient être inculpées selon une procédure adaptée».
La réouverture du dossier permettra-t-elle d’en savoir davantage au sujet de Pierre Falcon ? Homme d’affaires français, marchand d’armes, condamné par la justice française, il est considéré comme étant le principal responsable du système de corruption mis en place dans cette affaire.
Abla Chérif.
Source Le Soir d’Algérie