mardi 19 mars 2024
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Boudjema Talai au Soir d’Algérie : «Aucun projet structurant n’a été abandonné»

Retrouver l’intégralité de l’entretien accordé par M. Boudjema Talai, ministre des Travaux publics et des Transports, au quotidien national d’information Le Soir d’Algérie.

 

Le Soir d’Algérie : Vous travaillez sur un plan d’amélioration de la logistique en Algérie, que comptez-vous entreprendre dans ce sens ?


Boudjema Talai 
: En effet, la logistique est un vecteur structurel de toute activité économique moderne, et doit être une des priorités dans notre pays. A l’heure actuelle, cette activité en est au stade primaire. Néanmoins, l’Algérie se trouve en bonne position afin de se doter d’une infrastructure de logistique en utilisant comme appoint les immenses potentialités infrastructurelles disponibles sur son territoire.
Dans cette optique, les pouvoirs publics ont chargé le ministère des Travaux publics et des Transports de conduire les travaux d’un groupe de travail interministériel (intérieur-industrie-finances-énergie-agriculture-commerce et douanes) pour élaborer un plan logistique national sur le court et le moyen terme et ce, pour améliorer la logistique dans notre pays.
Parmi les objectifs de ce plan, on peut citer : le rééquilibrage des flux sur la façade maritime ; la création de nouvelles capacités de stockage et de distribution selon les normes admises ; l’émergence d’opérateurs logistiques et de transporteurs professionnels ; le renforcement du contrôle des activités de transport et de logistique ; l’assurance d’une croissance soutenue du transport et du développement du transport intermodal et multimodal.
Avec le Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT), l’Algérie s’est dotée d’un instrument juridique volontariste de rééquilibrage du territoire, destiné à assurer un développement durable du pays par le renforcement de l’attractivité et de la compétitivité du territoire national à travers la réalisation d’infrastructures.
Ces infrastructures de base réalisées, en cours de réalisation ou en phase d’extension, sont constituées de ports et de leurs dépendances, d’axes autoroutiers, de voies ferrées et d’aéroports, et, de par leur couverture à l’échelle nationale, seront à même d’être l’ossature structurelle pour asseoir un plan logistique national.
Au stade actuel, la logistique reste limitée à quelques zones extra-portuaires (ports secs) surtout autour de l’agglomération algéroise pour décongestionner les ports existants et quelques plateformes aménagées pour répondre aux besoins internes de leurs promoteurs dans le secteur de la distribution, mais qui restent insuffisants.
Notre objectif est de doter l’Algérie d’infrastructures logistiques répondant aux normes et aux standards internationaux et les intégrer progressivement dans le réseau des plateformes logistiques au niveau national et régional.
Mais pour cela, il sera impératif de mettre en œuvre plusieurs mesures de nature à aider et asseoir la vision logistique dans notre pays et dont je citerai quelques-unes : axer les investissements dans le secteur ferroviaire aux projets prioritaires suivants, pénétrante minière Est de 588 km ; lancement des études de la future ligne minière Ouest Bechar-Tindouf-Gara Djebilet sur 950 km ; accélérer le rythme de réalisation des projets de développement des terminaux à conteneurs (Alger-Djen-Djen-Oran-Mostaganem 3e bassin), et des quais minéraliers à Arzew et Annaba ; mettre en place une fiscalité attractive pour inciter les opérateurs nationaux à externaliser leur logistique (transport et stockage) et réduire ainsi leurs coûts en recourant à ces infrastructures en échange d’une traçabilité de leurs flux de marchandises ; mettre en place un dispositif de formation de formateurs aux métiers de la logistique avec le soutien d’organismes internationaux spécialisés ; mettre en place un dispositif législatif et réglementaire pour un meilleur encadrement de la logistique ; développer la logistique liée à la mise en place d’usines de montage et de fabrication de véhicules ; multiplier les rencontres et les contacts avec les logisticiens internationaux, voire même un accompagnement.

Vous avez annoncé dernièrement votre volonté de «mettre de l’ordre» dans le transport urbain ; vous avez même soumis un projet de loi portant sur la création de l’autorité organisatrice des transports urbains, à la Commission des transports de l’APN. Qu’est-ce qui va changer concrètement pour les usagers ? Peut-on savoir ce que seront les missions de cette nouvelle autorité chargée d’organiser les transports urbains ?


Avec la mise en service de plusieurs modes de transport urbain au niveau d’Alger tels que le métro, le tramway, le transport par câbles, le transport ferroviaire de banlieue, le transport maritime urbain qui viennent compléter le réseau autobus exploité par l’Etusa et le secteur privé, mais également au niveau d’autres grandes villes d’Algérie, il est apparu nécessaire d’asseoir une organisation et une complémentarité entre ces différents modes afin d’assurer une intégration physique des réseaux et une interopérabilité des systèmes billettiques au profit des usagers des transports collectifs (continuité des cheminements et des déplacements).
Dans ce cadre, il y a lieu de signaler que l’Autorité organisatrice des transports urbains d’Alger est opérationnelle depuis 2015 en tant que projet pilote. 
Cette autorité a un statut d’établissement public à caractère industriel et commercial, EPIC, sous la tutelle du ministère des Travaux publics et des Transports. Concrètement, depuis son lancement, l’Autorité organisatrice des transports urbains d’Alger et malgré son jeune âge, a réalisé les actions suivantes : lancement, pour la première fois en Algérie, sous l’égide de l’Autorité, d’une nouvelle formule de tarification avec ses partenaires (EMA-RATP El Djazaïr-Setram-ETAC et Etusa). Il s’agit de l’abonnement mensuel unique «AMU» commercialisé à partir du 7 février 2016 et permettant aux usagers de voyager avec un seul et unique titre de transport sur quatre modes de transport, à savoir : métro, tramway, transport par câbles et autobus Etusa. 
Pour assurer une intégration physique sur le terrain et la continuité des déplacements entre les différents modes de transport, une étude de restructuration du réseau de transport urbain d’Alger a été menée par l’Autorité en coordination étroite avec l’Etusa.
Cette étude a porté sur la réalisation de deux enquêtes (montées-descentes et origine-destination) en avril 2016 dont les résultats devraient déboucher incessamment sur des propositions et recommandations concrètes pour le redéploiement du parc Etusa afin d’assurer cette intégration.
Pour permettre aux usagers des transports collectifs au niveau de l’agglomération algéroise de voyager à l’aide d’un seul et unique titre de transport, l’Autorité a engagé un dossier avec ses partenaires portant sur la mise en place de l’interopérabilité des systèmes billettiques devant faciliter l’usage de tous les modes de transport en exploitation au niveau d’Alger.
La première phase a porté sur la réalisation d’un état des lieux et d’un diagnostic sur les systèmes existants et la phase actuelle est consacrée à la rédaction du Référentiel fonctionnel commun «Refoco» et de la charte d’interopérabilité comme préalable au déploiement de ces nouveaux systèmes.
Cette opération sera couronnée par la mise en place d’une chambre de compensation au niveau de l’Autorité pour garantir une répartition équitable des recettes et assurer un suivi rigoureux des activités des différents opérateurs.
A terme, l’Autorité devra mettre en place un système d’information multimodale au profit des usagers devant leur permettre d’avoir une information instantanée et fiable sur leurs déplacements (tarifs, itinéraires avec les correspondances, horaires, temps d’attente aux stations…).

Vous annoncez l’avènement du «bus à haut niveau de service» (BHNS) qui sera introduit dans les transports. Peut-on en savoir davantage ?


Le bus à haut niveau de service (BHNS), connu aussi comme BRT (bus rapide de transit), connaît actuellement une propension exponentielle de par le monde, et de plus en plus de capitales et de villes s’équipent de cette solution, en raison de sa flexibilité, de sa réponse pertinente et pratique en comparaison avec les autres moyens de transports publics, devant faire face aux problèmes épineux de la circulation et des déplacements de masse des citoyens, au niveau des villes saturées et congestionnées.
Le BHNS est aussi une forme de rebond adoptée par plusieurs villes face à l’abandon de la solution du tramway, en raison du coût élevé de sa réalisation, de sa forte consommation en énergie, et enfin de ces longs délais de réalisation, cela sans omettre les procédures complexes et longues des expropriations et autres aménagements qui lui sont nécessaires.
Le BRT/BHNS se singularise par une fréquence garantie, une vitesse commerciale élevée, un trajet en site propre, l’absence de conflits avec le trafic routier, de larges capacités de remplissage, et une coordination centralisée de contrôle et d’information.
Ainsi, dans le cadre de la stratégie mise en place par notre département ministériel, ce système a été retenu pour être introduit en Algérie.
C’est dans ce cadre, qu’une étude sommaire a été lancée pour la réalisation d’une ligne pilote, ligne devant relier Alger-Centre à l’aéroport d’Alger en traversant l’avenue de l’ALN. 
Le tracé proposé, compte tenu du flux que va drainer la Grande Mosquée d’Alger, la promenade des Sablettes et la future aérogare, comporte 13 stations pour les usagers de la ligne et 2 stations intermédiaires pour les usagers se rendant directement de et vers l’aéroport d’Alger. Actuellement, nous sommes en phase de la recherche d’un financement hors budget de l’Etat sous le mode de financement PPP (partenariat public-privé).
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Dans le même sillage, vous avez confié ou du moins cela a été fait en concertation avec la wilaya d’Alger, la gestion et la régulation de la circulation routière dans la capitale à une société espagnole. On parle ainsi d’un concept révolutionnaire usité dans les plus grandes métropoles à travers le monde. Comment ce système va-t-il changer les choses pour les automobilistes ?


En effet, une société mixte de droit algérien (51%/49%) a été mise en place entre deux établissements de la wilaya d’Alger, en l’occurrence Erma et EGTCU, et deux entreprises espagnoles, Indra et SICE, qui se chargera de la réalisation d’un nouveau système de régulation de la circulation au niveau de la wilaya d’Alger. 
Ce système consiste à collecter d’abord l’information en temps réel à l’aide des moyens de comptage automatique et moderne et de la transférer au centre de régulation. Ces données seront analysées au niveau du centre par un système approprié qui permettra de dégager des solutions pour alléger et améliorer les conditions de la circulation, soit par la régulation au niveau des carrefours par des cycles appropriés, soit en informant les usagers de la route par le biais de moyens de communication moderne (la 3G, la radio, site Web…).
Il importe de préciser que ce système permet également de relever les infractions au code de la route (feux rouges, dépassement de vitesse, sens unique), la gestion informatisée des parkings. 
Actuellement, cette société mixte dénommée Mobeal a entamé les études détaillées pour la réalisation de ce système.

L’Algérie est passée, malheureusement, championne s’agissant du nombre de morts sur les routes. Entre autres mesures, vous aviez annoncé, fin 2015, la mise en place du permis de conduire biométrique à points pour l’année 2016. Où en est-on actuellement ?


En effet, le niveau enregistré des accidents de la route, bien qu’ayant connu une certaine stabilité ces dernières années alors que le parc véhicules connaissait en parallèle une évolution importante, demeure toutefois à un seuil extrêmement préoccupant avec plus de 4 300 décès relevés annuellement.
Par ailleurs, les données relevées au cours de cette dernière décennie confirment, sans équivoque, que le facteur humain, incriminé dans plus de 94% des cas enregistrés (non-respect des vitesses autorisées, dépassements dangereux, somnolence au volant, agressivité, manque de civisme…) est à l’origine de ce cycle infernal d’ascension des accidents et des victimes de la route. 
Force est de constater, toutefois, que les efforts drastiques consentis par l’Etat à travers l’engagement de plusieurs actions et mesures pour endiguer le phénomène de l’accidentologie n’ont pas permis d’atteindre les objectifs escomptés en la matière. 
Aussi et en vue de remédier à cette situation, d’autres actions susceptibles de contribuer à une réduction significative de ce fléau sont retenues et ce, dans le cadre d’une démarche globale et intégrée. 
Parmi les actions additionnelles engagées dans le cadre de cette démarche, figure la révision du dispositif législatif en vigueur notamment la loi n°01-14, du 19 août 2001, pour : l’introduction du permis de conduire biométrique (document unique intégrant le système des points et la notion de la période probatoire) ; la révision dans le sens d’une plus grande répression dans le dispositif de sanctions des infractions aux règles de la circulation routière (contraventions et délits) ; la mise en place d’un conseil de concertation intersectoriel, rattaché aux services de Monsieur le Premier Ministre, et la création d’une délégation nationale à la sécurité routière, chargée de la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de sécurité routière, rattachée dans sa partie opérationnelle au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Actuellement, ce projet est au niveau de l’APN pour examen. 
Une fois ce projet adopté par les deux Chambres parlementaires et les textes d’application permettant de gérer le système du permis à points par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales seront promulgués, il sera procédé à sa mise en place. 

En votre qualité de ministre des Travaux publics, ne pensez-vous pas que l’état des routes est un facteur important dans les hécatombes routières ? 


Concernant ce point, selon les statistiques, le facteur route et environnement ne représente que 2 à 3%. Néanmoins, concernant la surcharge des véhicules de transport de marchandises, un ancrage juridique a été introduit dans le projet de révision de la loi n°01-14, du 19 août 2001, permettant le contrôle de la charge et du gabarit des véhicules effectué au niveau des stations de pesage en moyens d’équipements et d’instruments de mesure homologués.

Le train tue lui aussi. Récemment deux trains, l’un de banlieue et l’autre interville, se sont télescopés au niveau de la gare de Boudouaou faisant un mort et plusieurs blessés. Auparavant, d’autres accidents ferroviaires ont également apporté leur lot de victimes. Souvent, l’erreur humaine est avancée, mais qu’est-ce qui est fait pour éviter ces drames sur le plan technique : les conducteurs se plaignent de la mauvaise signalisation et de l’état du rail vétuste… Qu’avez-vous sur ce plan ? 
Comme il a été déjà annoncé, une commission d’enquête technique a été rapidement diligentée par notre département ministériel afin d’établir les circonstances de ce dramatique accident, d’en identifier les causes certaines ou possibles et d’émettre des recommandations de sécurité destinées à prévenir de futurs accidents similaires.
La SNTF est, bien évidemment, associée à ces travaux d’investigation avec notamment l’appui des premiers responsables de l’entreprise chargée de la sécurité et des audits.
L’enquête, qui est toujours en cours, doit analyser l’événement sous tous ses aspects allant du facteur humain à la pertinence des consignes de circulation en passant par les caractéristiques de l’infrastructure, ses conditions d’exploitation, la conception et l’état du matériel roulant, l’organisation interne de la sécurité, la formation des personnels, les facteurs médicaux, etc. 
Il est certain que les conclusions de l’enquête actuellement menée permettront d’identifier les facteurs majeurs en cause et d’en définir les axes prioritaires d’amélioration afin que de tels drames ne se reproduisent plus.
Le ministère des Travaux publics et des Transports a inscrit de longue date la modernisation des infrastructures, des systèmes de signalisation et de la communication sol-train. 
Ce sont des opérations lourdes qui ont d’ores et déjà été engagées pour couvrir à terme toute la rocade Nord du réseau ferroviaire. 
L’Anesrif, l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des infrastructures ferroviaires, mène à bien toutes ces opérations.
De son côté, la SNTF est engagée dans un programme de formation continue de ses personnels qu’elle doit nécessairement renforcer et accélérer notamment sur les facteurs humains et la culture de sécurité. Il s’agit là d’un sujet sensible qui doit demeurer la priorité numéro 1 dans le cadre de sa production. 
Parallèlement, le ministère des Travaux publics et des Transports entend également se doter, à moyen terme, d’un organisme public spécialisé qui aura en charge de superviser la sécurité dans son ensemble non seulement dans le domaine du transport ferroviaire mais également des autres systèmes de transport guidés, tels que le métro, les tramways ou encore les téléphériques. 
Ces nouveaux moyens de transport, déjà présents dans quelques grandes agglomérations, sont également des systèmes où le facteur de risques est omniprésent.
Rappelons que ce sont plus de 250 000 passagers qui empruntent chaque jour ces systèmes de transport et que la sécurité est une composante indissociable du service public qui est rendu à la population. 

Le rôle des ports dans l’exportation a été au cœur de la journée de sensibilisation que vous avez présidée à Alger en présence des directeurs des ports nationaux pour traiter de cette problématique. Quelles sont les orientations que vous avez données dans ce sens, et peut-on aussi savoir si nos ports sont prêts pour ce challenge de la diversification de l’économie nationale ?


Effectivement, les ports algériens ont traité, durant l’année 2015, 47 millions de tonnes de marchandises dont seulement 5 millions à l’export ; d’où la nécessité d’équilibrer la balance en terme de tonnage entre l’import et l’export. 
Lors de cette rencontre, j’ai eu à insister sur le rôle primordial des ports dans la promotion de l’exportation des marchandises hors hydrocarbures à travers la mise en place de mesures de facilitation du passage de ces marchandises au niveau des ports. L’assistance a été informé que des projets de lois visant la promotion des exportations hors hydrocarbures sont en cours d’élaboration.
Dans le même sens, des instructions ont été données à l’effet de : augmenter de 10% par an, durant les trois années à venir (2016-2019), le volume des marchandises traitées par les ports à
l’export ; prendre les mesures nécessaires pour faciliter le passage des produits destinés à l’export (couloir vert, espaces dédiés à l’entreposage des marchandises destinées à l’export, création de ports secs) ; réduire les coûts de la logistique, jugés trop élevés (30% du coût global) pour les ramener à la norme (15%), et ce, afin de soutenir la compétitivité des produits nationaux dans les marchés internationaux.
Par ailleurs, les responsables des entreprises portuaires ont été instruits à l’effet de développer de nouvelles activités créatrices de richesses à l’instar des activités touristiques au niveau des ports (croisières).

Lors de la même réunion, vous avez émis le souhait d’avoir d’autres partenariats en vue d’augmenter nos capacités nationales en matière de transport maritime, au-delà des deux compagnies que sont Cnan-Nord (100% propriété algérienne), et Cnan-Med en partenariat (51/49%) avec les Italiens. Des partenariats en vue ? Subsidiairement, comment jugez-vous le rendement du pavillon national ?


Aujourd’hui, le pavillon national couvre moins de 2% de nos échanges extérieurs par voie maritime. C’est pourquoi nous nous efforçons de nous inscrire dans une vision intégrée du secteur maritime et portuaire basée sur la reconstruction du pavillon national, le développement de la réparation navale et la modernisation des ports, par la mise en œuvre, notamment, des projets ci-après : l’acquisition de 25 navires de commerce et un navire à passagers en cours de réalisation ; la ratification d’un accord de partenariat pour la création d’un chantier de réparation, reconversion et construction navales au port d’Arzew entre l’Erenav et un groupe portugais ; la modernisation des sites existants de l’Erenav (Alger-Oran et Béjaïa) à travers des études élaborées par des bureaux d’études internationaux. Et en ce qui concerne le secteur portuaire, la modernisation des ports actuels par la réalisation de terminaux à conteneurs ; et la réalisation du projet du port du Centre. 
Avec tous ces projets, l’objectif étant d’atteindre un taux de couverture situé entre 20 et 30% de nos échanges extérieurs, sachant que 95% des échanges commerciaux de notre pays se font par voie maritime. 
S’agissant de la première partie de votre question, nous sommes en train de travailler sur un projet de partenariat entre Cnan-Nord (100% propriété algérienne) et CMA-CGM, troisième armateur mondial. Le projet en question est en cours de maturation.

Au même titre que les transports, y a-t-il des projets dans le secteur des travaux publics qui sont gelés ou abandonnés sous l’effet de la crise financière ?


Formellement, aucun projet structurant n’a été abandonné. Il s’agit, en fait, de projets qui font l’objet d’inscription au titre de lois de finances précédentes, mais dont l’engagement a été différé.
Dans ce cadre, on peut citer : l’autoroute des Hauts-Plateaux (1 100 km), la liaison autoroutière reliant la ville de Sidi Abdellah-Zéralda (6 km) ; la deuxième tranche (40/62 km) de la pénétrante autoroutière reliant Batna à l’autoroute Est-Ouest, transformation de la RN1 en axe autoroutier/section de Djelfa sur 64 km.
S’agissant du gel d’opérations, il s’agit, particulièrement, des projets qui n’ont pas connu un début d’exécution. Ce qui permettra de concentrer les efforts sur l’achèvement du programme en cours de travaux.

Dans le cadre de vos nouvelles missions de ministre des Travaux publics et des Transports, vous lancez des projets de liaison des ports aux autoroutes…


Sept pénétrantes autoroutières reliant les ports à l’autoroute Est-Ouest sont en cours de réalisation. Il s’agit de : Béjaïa (100 km), Djen-Djen (110 km), Skikda (31 km), Ténès (22 km/54 km), Oran (8/26 km), Mostaganem (66 km), Ghazaouet (13/41 km). Dans ce cadre, il reste à lancer : la pénétrante reliant le port d’Annaba à l’autoroute Est-Ouest (28 km), étude achevée et validée par la Cned. (Inscription LF 2015 mais non notifiée) ; la pénétrante du port d’Arzew (opération d’étude gelée) ; la pénétrante de Béni-Saf (étude en cours) ; la desserte autoroutière reliant le port de Cherchell à l’autoroute Est-Ouest. 

Maintenez-vous ces chantiers de réalisation des 24 autoroutes reliant certaines wilayas de l’intérieur du pays à l’autoroute Est-Ouest ?
Issu des recommandations du Schéma directeur routier autoroutier (SDRA) adopté par le gouvernement le 24 avril 2007, le programme autoroutier d’un linéaire global de 5 500 km comprend, également, 24 liaisons autoroutières Nord-Sud qui permettront de relier les chefs-lieux de wilaya et les ports à l’autoroute Est-Ouest et celle des Hauts-Plateaux. 
Tenant compte de la conjoncture économique que connaît notre pays, il sera procédé en fonction des résultats de l’évaluation des besoins à une hiérarchisation des priorités, pour pouvoir planifier les actions à engager.
Mais notre priorité actuellement, c’est d’achever l’autoroute Est-Ouest (section d’El Tarf sur 84 km), ainsi que le tunnel de Djebel El-Ouahch à Constantine.
Y. D.